S
elma, Vito, Mimmo et Maria ne se connaissent pas et ne se rencontreront jamais. Pourtant, ils sont tous reliés d’une manière indéfectible. Une infirmière palestinienne qui a fui la Syrie, un prêtre d’une petite paroisse perdue dans les Alpes italiennes, un militaire ayant sincèrement servi sa patrie et une femme qui a su défier les pronostics médicaux et fonder une famille, ils ont fermement gardé espoir et croient profondément à « l’autre » et à la vie.
Simplement résumé, Revivre pourrait être le pitch d’un thriller psychologique pimenté de quelques secrets. La réalité est nettement plus terre-à-terre et infiniment plus dramatique. Selma est arrivée en Italie par la mer comme des milliers de malheureux espérant un avenir en Europe. Dans le chaos de sa fuite, elle a reçu un choc sourd à la tête qui a provoqué une hémorragie interne irréversible. Son décès constaté, son mari n’a pas hésité une seconde à autoriser le prélèvement de ses organes. Les trois autres personnages sont les récipiendaires de ce don inespéré.
Ugo Bertotti raconte, sous la forme de quatre portraits touchants, cette anecdote fantastique. Malgré ces trajectoires marquées par les problèmes de santé et l'émigration, il a composé un album finalement optimiste. Aucun des protagonistes n’a eu la vie facile. Inique géopolitique moyen-orientale, maladie grave, traitement lourd et, toujours, l’interminable attente que les choses, avec un peu de chance, s’améliorent peut-être. Et puis, le doute, la colère. Pourquoi moi ? À quoi bon subir tant de souffrance pour une guérison hypothétique ? Se basant sur des témoignages réels, le scénariste présente tous les aspects psychologiques qu’engendrent le don d’organe sans jamais quitter de vue ses « patients ».
Bien plus qu’un énième plaidoyer sur l’importance des dons, les quatre chapitres de Revivre constituent une démonstration implacable de la nécessité à l’entraide. Nous formons tous une longue chaîne dans laquelle chaque maillon, qu’il soit d’ici ou d’ailleurs, est indispensable. C’est une question de dignité et d’humanité.
« Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes. » (Coran, sourate 5-32)