Résumé: Hommage au Paris fantasmé et fantastique que les Asiatiques s'inventent depuis le Japon ou la Chine.
Ce recueil de nouvelles est composé comme le morceau de Debussy auquel il fait référence : une flânerie qui s'annonce douce et légère et qui ouvre régulièrement sur l'ambigu, le bizarre et l'effrayant. À l'image de cet étudiant chinois disparu mystérieusement après être tombé amoureux d'une diplômée d'astronomie, tatouée d'une étoile noire dans le dos. Ou encore de cette jeune femme détachée de tout qui décide de faire appel à une société privée pour organiser son suicide.
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our sa dernière soirée à Paris, Z, un auteur de manhwa, rencontre Dominique, une fan installée en France depuis quelques années. Pas de programme particulier, ils vont peut-être aller à une fête chez une connaissance de la jeune femme. Bercé par la musique de Claude Debussy, le musicien préféré des deux protagonistes, et troublé par l’ambiance romantique de la Ville lumière, un petit jeu de séduction se met en place. Le moment est propice à la flânerie et à toutes les imaginations.
Derrière les nouvelles qui composent ce recueil, Rêverie répond en fait à une des questions les plus posées aux artistes : d’où viennent vos idées ? Pour ce faire Golo Zhao a imaginé un ouvrage en « pelures d’oignon » extrêmement construit. Une demi-douzaine de récits abordant tous les genres, de l’intime à la science-fiction en passant évidemment par l’onirisme, sont entrecoupés d’anecdotes certainement auto-fictionnelles se déroulant sur une longue nuit. L’ensemble s’enchaîne sans autre logique que celle découlant du fil des pensées. Un instant, le couple marche dans une rue et un détail (un sourire, un bout de la tour Eiffel ou simplement le claquement des pas) suffit pour que l’esprit s’envole vers d’incroyables aventures. Hop, une histoire est née ! Ce n’est pas plus compliqué que ça, il faut juste savoir demeurer attentif à l’air du temps. Si l'émotion présente est la bonne, le reste ne sera qu’affaire de technique.
Et Claude Debussy dans tout ça ? L’album est évidemment muet, l'aura du compositeur se fait néanmoins fortement entendre. D’abord, simple évocation ou suggestion de bande-originale, ses notes et ses couleurs s’immiscent de plus en plus au sein de la mise en page pour finalement, à l’image de Fantasia (le célèbre dessin animé musical de Walt Disney), imposer leur force dans quelques planches de haute volée aux frontières de l’art abstrait. Zhao fait preuve d’un talent impressionnant en associant cette inspiration aux différentes thématiques et à ses propres souvenirs. Mieux encore, malgré l’éclatement des fils narratifs, leur assemblage demeure totalement cohérent. Le glissement continuel entre réalité et fantaisie est imperceptible tant il se fait naturellement.
Intrigant, surprenant et finalement très sympathique, Rêverie rend également un très bel hommage à Paris, ville dont l’aura historique et poétique continue d’inspirer et d’envoûter les visiteurs du monde entier.