I
ntello, mais pas trop. Absurde, mais pas trop. Provocateur, mais pas trop. Ça fait près de vingt ans que Tom Gauld distille son esprit et son humour sous la forme de strips dans différents journaux anglais et internationaux. Du dessin de presse en trois cases ? Non, de la véritable bande dessinée inspirée seulement en partie par l’actualité et invariablement hilarante. Reprenant les deux dernières années de sa production, le contenu de La revanche des bibliothécaires est évidemment infecté par la pandémie de Covid. Comme la totalité de la population, le dessinateur a vécu les différents confinements et, à l’image de beaucoup, s’est retourné vers ses passions de toujours : les écrivains et sa bibliothèque. Attendez-vous donc à des gags littéraires et à d'autres explorations autant sémantiques que thématiques.
Bonhommes et bonnes-femmes bâtons aux attributs immédiatement reconnaissables, des schémas mélangeant malicieusement mathématique avec poésie et quelques autres variations du même acabit, arrivé à son cinquième recueil, le système graphique développé par Gauld s’avère en place. Les habitués ne seront pas décontenancés par cette dernière livraison. Heureusement, si l’effet de surprise s’est logiquement estompé avec le temps, le piquant et l’intelligence des observations sont toujours bien présents. Remarques «covidiennes» de circonstance, les habituelles utilisations de Jane Austen/Shakespeare/votre auteur préféré distillées en différents niveaux de décalages et une attention toute spéciale pour les bibliothécaires (cf. le titre), la lecture est immensément plaisante, drôle et engageante.
Picoré à petites bouchées ou «bingé» façon Netflix, La revanche des bibliothécaires est une mine de perles recelant des trésors d’inventivité et d’amour pour la chose écrite et ses artisans. Comme il y a un monde en dehors de celui des livres (ah bon ?), le reste de la société et ses mœurs étranges ne sont pas oubliés et ont droit au même traitement à base de taquineries graphico-logiques plus étonnées que méchantes.
Contre le virus, il y a des vaccins; pour s’évader et rigoler, il y a Tom Gauld. N’oubliez pas de passer en librairie afin de vous faire prescrire votre dose de rappel !