Info édition : Numéro d'édition: 143
Format: 30 X 25 cm.
Ce volume réalisé d'apprès une maquette de Jacques Segard.
Résumé: J’ai découvert par hasard ce recueil d’illustrations de Gahan Wilson, un dessinateur américain qui a régulièrement participé à de grandes revues, telles que le National Lampoon ou le New Yorker. Plus étonnamment, il a collaboré de nombreuses années au magazine Playboy, dont les dessins de cet album sont issus. Ce qui m’étonne au premier abord, ce sont les thèmes abordés par Wilson, qui ne correspondent pas vraiment à ceux contenus dans la plus célèbre des revues érotiques. Ils se situent même à l’opposé, car Wilson excelle dans l’humour noir et les ambiances fantastiques (il n’hésite pas d’ailleurs à s’aventurer parfois dans le gore). C’est Thanatos au pays d’Eros !
Ces dessins ne sont cependant jamais glauques. Certains le rapprochent de l’univers de Chas Addams (le père de la célèbre famille), aussi bien dans ses thèmes abordés (présence de monstres, sous-entendus politiques…) que pour l’utilisation d’un humour noir pince-sans-rire et légèrement intello. Leurs styles par contre, sont bien différents. Wilson utilise le clair-obscur pour créer ses volumes. Il use des hachures pour renforcer les ombres, jusqu’à la saturation. Pourtant, ses dessins sont d’une grande lisibilité, d’une grande fluidité, grâce à l’utilisation subtile de couleurs pastelles en aplat. Notre œil n’est jamais perdu, toujours guidé vers l’élément déclencheur du gag. Ce style « minéral » et ce trait incisif servent parfaitement cet humour surréaliste et absurde.
La dimension fantastique de son œuvre n’est que secondaire, même si certains de ses gags sont purement fantaisistes. S’il met en scène des monstres (extra-terrestres, batraciens géants, hommes-poissons…), des figures légendaires du fantastique (monstre du Loch-Ness, homme invisible, loup-garou, plante carnivore…), ce n’est que pour mieux souligner l’absurdité de notre monde moderne, en abordant les thèmes de la solitude, la marginalité, la différence. Wilson aime les freaks.
La psychanalyse, la médecine, la vieillesse, la religion, la justice, l’amour, le cocufiage… Autant de thèmes de société, et de sources d’angoisses existentielles, passés au crible de l’humour de Gahan Wilson. Il nous réconcilie avec la monstruosité du monde...