Le 19/09/2025 à 23:12:22
"Le retour de la Bondrée" est le premier one-shot de Aimée de Jongh, il part de bonnes intentions, mais on sent le récit encore immature. Une première partie qui démarre bien avec des flashbacks ponctuels sur Simon, la quarantaine, personnage principal. L'histoire ouvre des arcs narratifs intéressants : la liquidation de la librairie, le suicide de cette femme inconnue, la rencontre fortuite de Régina (pas la pizza, hein), il a matière à raconter. Le problème, c'est que l'histoire n'aboutit pas à une conclusion véritable selon moi ; tout semble résolu sans réelle réflexion profonde sur sa condition, l'être humain est bien plus complexe et nuancé en réalité. La bondrée ovipare, oiseau phare et symbolique de la bande dessinée, vient même à masquer une partie de la réflexion de Simon (avec son "tout recommencer à zéro"). Le personnage de Regina pose problème selon moi, car présenté de manière maladroite, on ne sait vraiment rien d'elle : est-elle mineur ? On comprend mieux sur la fin, mais j'ai trouvé bancale la façon d'expliquer graphiquement l'identité de Regina (pas de bulles ni cartouches) ; j'ai du relire ce passage plusieurs fois. Je pense que c'est ce manque de clarté qui a pu perdre une partie des lecteurs et qu'il est très difficile de cerner cette jeune femme/fille, je ne suis pas sur moi-même d'avoir compris. Dans un style rond et soigné en noir et blanc, je trouve le dessin parfois déconnecté de la dureté du récit, difficile sur les illustrations de montrer quelque chose de dramatique et d'aussi dur que le suicide ou la mort, les protagonistes en parle presque de manière déconnectée. Le dessin dédramatise une partie du deuil et la difficulté de Simon à se remettre du décès de son camarade de classe. L'expressivité des personnages est en revanche très bonne, avec des moments intenses et clés représentés dans la bande dessinée. J'ai facilement fait le parallèle avec la bande dessinée "Plus Loin Ailleurs" de Chabouté, lu juste avant, elle aussi en noir et blanc ; Chabouté arrive mieux à retranscrire le coté pesant et dramatique du récit au travers d'un dessin plus anguleux, plus brutal, pourtant sur un sujet bien moins noir. Il manque de la force au "Retour de la Bondrée" pour rendre l’œuvre vraiment percutante.Le 30/08/2020 à 15:14:21
J’aime bien ce genre de récit quand c’est bien construit et c’est bien le cas en l’espèce. Nous suivons le parcours d’un homme qui ne souhaite pas vendre sa librairie héritée de ses parents alors qu’il est au bord de la faillite. Il faut dire que le marché du livre s’est effondré depuis l’arrivée d’internet et de toutes les nouvelles technologies numériques. On le retrouve également avec de nombreux flash-back dans le passé où il a vécu une douloureuse histoire avec son meilleur ami harcelé à l’école. Cela s’est mal terminé et il s’en veut énormément. Bref, il a toutes les peines du monde. Je préfère nettement ce genre de récit introspectif qui reflète la réalité plutôt que la grosse dose de tous ces super-héros qui pullulent sur le marché. Mais bon, il ne faut pas tout mélanger. On fera également connaissance avec la Bondrée qui possède une bonne philosophie de vie pour tout recommencer. Faire table rase du passé et avancer. Bref, un album comme je les aime avec d’ailleurs un très joli trait graphique. Une réussite pour une première par une auteure néerlandaise.Le 02/05/2016 à 14:54:07
Et bien si quelqu'un a compris l'intérêt de cet album, qu'il n'hésite pas à le dire ! Encore une énième histoire en 150 pages, soit l'équivalent de 3 tomes d'une BD classique. C'est un peu court, je trouve, même s'il y a un effort pour développer le personnage... Mais enfin, entre le nom bizarre de l'album, et l'histoire semée d'embuches (pour les lecteurs, que le scénariste- dessinateur prend un peu pour des idiots), difficile de ressortir satisfait de cet album. Le dessin est correct, sans plus, mais lisible. Les atmosphères sont correctement rendues. Mais si l'histoire comporte un rebondissement (à la "6ème sens" avec bruce Willis, mais pas aussi surprenant quand même), on se demande à quoi il a servi. Car au final, le personnage principal va d'un point A... à un point A. On ressort juste déprimé devant le renoncement de ce loser à reprendre sa vie en main, à ne pas laisser sa librairie familiale faire faillite, alors qu'il dispose de solutions. et l'histoire en flash-back, je n'y ai pas trop cru, cet ado qui laisse son pote se faire tabasser... mouais... pareil pour la compassion qu'on essaye de nous faire avoir pour ces 2 bourreaux ados, qui "devront vivre avec la mort d'un camarade qu'ils ont supplicié pendant des semaines". honnêtement, un ado sait très bien ce qu'il fait ; ce sont des crapules, et je n'ai aucune compassion pour eux, pour ce qui leur arrive. Bref, ça plaira peut-être aux lecteurs de télérama et des inrocks, mais pas aux vrais amateurs de BD.BDGest 2014 - Tous droits réservés