D
ans Résurgences, Sandrine Revel (Un drôle d’ange gardien) se penche sur la réinsertion professionnelle d’un groupe de femmes. Durant les huit mois d’une formation offerte par le Centre d’information sur le droit des femmes et des familles (CIDFF), elle suit le difficile parcours de Martine, Julia, Estelle et de quelques autres.
Pour ce sujet grave et toujours d’actualité, malgré le peu d’intérêt manifeste qu’il suscite, l’auteure a choisi de se concentrer, presque uniquement, sur le fonctionnement d'une formation et des mécanismes mis en place pour donner, ou redonner, à ces femmes les moyens de s'intégrer dans un milieu professionnel. Malheureusement, Sandrine Revel ne donne pas suffisamment d’informations sur le vécu des participantes pour vraiment susciter la curiosité du lecteur. À part leur état civil et, pour la majorité d’entre elles, leur grande détresse, les éléments susceptibles de susciter l’empathie sont plus que rares. Cela est d'autant plus dommage que certaines, à l'instar de Martine, semblent avoir eu un parcours intéressant. Contrairement à Étienne Davodeau dans Rural !, aucun lien ne semble vraiment se tisser entre l’auteure et les postulantes. Cette distance perdure tout au long de l’album et déshumanise les trajectoires de ces femmes.
Graphiquement, l'approche et les choix de représentation restent fâcheusement très convenus : elle se veut discrète, elle sera donc une petite souris et les difficultés seront des falaises insurmontables ou, selon le cas, dangereusement profondes. Le doute est symbolisé par un labyrinthe et la progression du stage par un arbre qui pousse de chapitre en chapitre. Ces allégories, trop classiques, ne font que souligner ces situations bien trop familières, sans leur offrir un éclairage différent. Les portraits des participantes offrent, heureusement, un cœur à l’ouvrage : des femmes de la « vraie » vie, réelles, loin des images habituellement véhiculées par les médias.
Malgré ces défauts, Résurgences a le mérite de présenter très clairement une dure réalité bien trop présente dans notre société.
À lire également :
Le blog de Sandrine Revel
Le site internet du CIDFF