Résumé: Tel un sociologue Fabrice Erre se fait l'observateur de notre quotidien d'Homme moderne.
Déverrouiller son téléphone. Swiper. Partir au boulot. Se prendre une fusée sur la tête.
Rentrer. Dormir. Recommencer.
Notre vie est souvent rythmée par un quotidien bien millimétré, la routine s'installe dans nos vies. Quoi de mieux alors que les réseaux sociaux pour s'évader et communiquer.
Fabrice Erre s'attaque aux train-train quotidiens modernes, avec son humour cartoonesque qui touche pile là où ça fait mal. Il pointe du doigt l'importance et l'impact qu'ont les réseaux sociaux et Internet dans nos vies, les dérives et surtout les fous rire qui s'en suivent.
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rdinateurs, téléphones portables, réseaux sociaux, GPS… Le monde a changé très vite. Tellement que le quidam ordinaire ne se s'est approprié qu’approximativement ces nouvelles technologies. Certains en abusent, d’autres restent maladroits. Dans Réseau-Boulot-Dodo, Fabrice Erre déploie une série de gags d'une ou quelques planches dans lesquels il se moque des travers engendrés par la révolution technologique. Il pointe de véritables problématiques : manque de repères, dépendance, isolement, perte de l’intimité et de l’anonymat, narcissisme, omniprésence de la publicité, sans oublier les canulars et le piratage.
La formule rappelle celle élaborée il y a quelque temps dans Une année au lycée. Le principe demeure assez simple : l’auteur présente une situation et l’exagère jusqu’à l’absurde, notamment en transposant dans la vie réelle les comportements adoptés en ligne (conseils non sollicités, jugements lapidaires, insultes, etc.). Il y a du reste un peu de l'esprit de la Rubrique-à-Brac là-dedans. Le résultat se révèle souvent rigolo... même si infiniment triste. Le scénariste ne fait pas la morale et ne cherche pas de solutions, là n’est pas son rôle. Le discours est-il original ? Pas vraiment. Il y a un air de déjà vu dans cet humour du quotidien ; le lecteur se reconnaît toutefois dans plusieurs de ces saynètes et la stratégie narrative fait mouche à presque tous les coups.
Le dessin caricatural de l’illustrateur de Walter Appleduck apparaît amusant et efficace. D’un trait sommaire, l’artiste va à l’essentiel ; les décors se veulent d’ailleurs généralement succincts, voire inexistants. Ses personnages, avec leurs immenses yeux globuleux et leur coupe de cheveux improbable, font immanquablement sourire. Sandrine Greff propose pour sa part une mise en couleur en aplats, laquelle contribue aussi à la lisibilité de l’image.
Un album provoquant de véritables rires, mais qui se lit un peu rapidement. Ce livre s'ajoute à Mécanique de l'angoisse, Les complotistes, Mâle dominant, Autorisation de déplacement dérogatoire et Une année au lycée où le bédéiste construit, petit à petit, un portrait de son époque.