Résumé: Amis des bêtes, passez votre chemin ! Amoureux des lapereaux mignons, amateurs de scènes de campagne idylliques ou adeptes intransigeants du véganisme, cet album n’est pas pour vous.
La Renarde ne perd jamais : aussi futée que sans pitié, elle obtient toujours ce qu’elle veut, quoi qu’il en coûte à ses proies ! Cette experte de l’embrouille au pelage chatoyant sème la zone au sein de la petite communauté qui l’entoure : elle mange aussi bien les bébés de Madame Lapine que les poules du fermier, et n’obtient jamais la monnaie de sa pièce…
Mieux vaut ne pas se fier à leur graphisme tout en rondeur et à leurs couleurs douces : Marine Blandin et Sébastien Chrisostome continuent de distiller dans ce deuxième volume un humour au cynisme implacable… Leur dame Goupil malicieuse, la plus vacharde des renardes, est l’anti-héroïne parfaite de ces strips à la mécanique savamment huilée.
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usée oui, mais aussi gourmande, moqueuse et cruelle, la Renarde berne son entourage comme elle le séduit et arrive toujours à ses fins afin d'assouvir sa faim.
Sur des planches horizontales en six cases, Marine Blandin met en scène un personnage détestable, néanmoins, le lecteur un peu honteux ne peut s'empêcher de lui tirer son chapeau. Que ce soit Kevin le cheval obsédé de carottes, Roxanne la chienne psycho-rigide, le Chasseur malchanceux, Georges le corniaud qui n'a pas inventé l'eau froide ou les pauvres lapinous qui se font boulotter à qui mieux-mieux, ce petit monde fait les frais de ses tours de cochons et de passe-passe. Attention, le ton féroce et cynique, voire trash, pourrait faire hérisser le poil de certains parce que, profiter de la naïveté et de la confiance n'est pas vraiment à applaudir. Les victimes comme le bourreau sont attachants, en revanche, pas pour les mêmes raisons : les premières pour leur naïveté, le dernier pour son esprit machiavélique.
Le graphisme sympathique de Sébastien Chrisostome est trompeur : avec son trait rond, ses couleur rétros en aplats et sa trame en pointillés, l'ensemble parait mignon tout plein cependant, méfiance ! Expressif, le bestiaire est croqué avec allégresse et comique, qualités participant grandement au décalage de ton.
Plaisir de lecture un peu coupable, car pas très moral, mais la nature est ainsi faite ! Avec un humour noir jubilatoire, la Renarde démontre que, indéniablement, le meilleur gagne toujours !