Résumé: À l'aube du VIIème siècle, les armées omeyyades déferlent sur le Maghreb. Dihya, la Kahina, signifiant « prophétesse » en berbère, se dressera contre elles. Elle rassembla les tribus contre l'envahisseur, et repoussera durant 10 ans les armées arabes. Elle reste à ce jour une icône pour les Berbères qui lui accordent des pouvoirs surnaturels de devineresse qui vont nourrir sa légende.
D
ihya, fille du roi Tabeta, l’a pressenti avant même que la rumeur parvienne à son palais dans les Aurès. Les armées berbères l’ont emporté sur les troupes omeyyades, mais son père a trouvé la mort. Prenant la tête des amazones Djerawa, elle rejoint l’exarque Koceïla qui accepte son aide et la charge de rallier les tribus locales. Quand celui-ci meurt, la princesse reprend le flambeau de la résistance contre l’envahisseur arabo-musulman. Forgeant une alliance avec les Byzantins, menant ses soldats au combat, prenant Carthage, elle s’impose sous le nom de Kahina, la prophétesse.
Depuis juin, la collection Les Reines de sang des éditions Delcourt s’est enrichie d’une nouvelle figure féminine forte. Venue des montages du Maghreb, cette femme guerrière légendaire qui a gouverné de 688 à 703 est un symbole de l’insoumission aux conquérants. Maîtrisant son sujet, Simon Treins (Tuez de Gaulle) restitue de manière convaincante le contexte de la fin du VIIe siècle, dans cette région d’Afrique du Nord, alors sujette à l’expansion territoriale, politique et religieuse de la dynastie des Omeyyades. Malgré des données partielles, les grandes lignes du parcours de la principale protagoniste sont reprises, allant, dans ce volet, des débuts de son engagement à sa montée en puissance et ses premières victoires. Le portrait qu’en dresse le scénariste montre une personnalité farouche et inflexible, dont les capacités de divination semblent acceptées par son entourage, sans qu’il n’y ait besoin d’en percer le mystère. Essentiellement porté sur l’action, l’album propose plusieurs scènes de combat dans les gorges des Aurès plutôt bien illustrées par Dragan Paunović (L’insurgée de Varsovie). Réaliste, le dessin de ce dernier, que rehaussent les couleurs de Scarlett, se révèle globalement efficace. Il est cependant dommage qu’il paraisse parfois un peu figé et que certains cadrages soient moins convaincants.
S’inscrivant dans les balises de son cahier des charges, La Kahina propose au lecteur un voyage doublée de la découverte d’une figure intéressante. C’est un bon début pour se distraire et s’instruire en même temps.