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lutôt que la Cotoprep (cf. Meurtre à la compta scénarisé par James, Pataquès, 2020), c’est à la Sotipec que Claire a décidé de faire son stage en entreprise. Leader dans son domaine, cette compagnie est l’endroit idéal pour découvrir les arcanes du monde professionnel.
Évidemment, avec Jorge Bernstein tenant le rôle du DRH, ce Rapport de stage tient plus de la farce et de la dérision que du mémorandum exécutif. Classique satire de l’univers de la vie «corporate», l’album vient s’ajouter à une longue liste d’ouvrages ayant comme cible les grosses boites. De Gustave Doré à Jean-Jacques Sempé en passant par Scott Adams, Manu Larcenet ou le déjà cité James, le choix est vaste, dans tous les genres et tous les styles. Réunions improbables, déontologies à géométrie variable, employés rocambolesques et jargon à base d’acronymes imbitables, Claire passe de service en service, à raison d’un gag à la fois. Malheureusement, le scénariste ne fait pas dans l’inédit ou la témérité. Résultat, la balade finit par ressembler à une simple succession de situations guère originales déjà vues et lues mille fois.
David De Thuin illustre sans plus d’audace les pérégrinations laborieuses de la jeune héroïne. À sa décharge, l’action se déroulant exclusivement dans des bureaux et les couloirs de la Sotipec, les occasions de faire briller son talent ne sont pas légion. Le trait est cependant bien posé. Les attitudes des protagonistes, qui rappellent Bercovici ou certains travaux de Paul Deliège, sont franches et directes. Lisible et efficace, le job est fait, mais assez génériquement. En effet, pour ce qui est du ressenti ou du caractère, mieux vaut s’adresser chez Digix ou à la S.A.M.E.M.U.
Quelques (rares) sourires ici ou là, un dessin passable guère plus inspiré, Rapport de stage ne dépasse pas le niveau de l’exploitation poussive vaguement amusante.