Le 06/02/2025 à 09:27:59
Après des aventures archéologiques tout à fait sympathiques, ce second (et dernier?…) volume reprend les mêmes qualités à savoir un dessin et une mise en scène tout à fait remarquables et une construction narrative et dialoguée très solide pour une aventure qui s’oriente ici résolument vers l’action et l’exploration. Assumant son statut de suite, cet album nous fait accompagner nos héros militaires dans les tréfonds inexplorés du désert syrien, lieu de tous les possibles pour l’imagination de Lovecraft et ses amis romanciers de l’imaginaire du début du XX° siècle. La particularité de ce personnage est son stoïcisme semble-t’il imperturbable en ce qu’il ne semble guère touché par les délires topographiques ou organiques qu’il rencontre. Jovan Ukropina propose pourtant de superbes dessins de visages tordus par la possession ou d’entités indicibles issues du bestiaire lovecraftien… qui ne semblent pas défriser les personnages plus qu’une horde de cannibales. La frontière entre le personnage témoin et l’absence d’implication émotionnelle est ténue et on sent un petit manque psychologique, pourtant fort bien posé sur le premier tome. Le rythme des évènements surnaturels et des affrontements bestiaux (pour ne pas dire massacres) explique sans doute ce petit oubli pas tellement problématique au demeurant. Car pour le reste on a ce pour quoi on est venu: des sectes sanguinaires, des bas-reliefs antédiluviens aberrants, des phénomènes défiant l’Espace-Temps et bien entendu des trahisons pas du tout attendues… Comme suite directe ces Portes d’ivoire et de corne (référence au monde des rêves que parcourt Carter dans les écrits de Lovecraft) remplit donc tout à fait le cahier des charges et le diptyque se révèle tout simplement une des meilleures adaptation de Lovecraft parues à ce jour. Reste un problème (majeur): comme vous l’aurez constaté cet album est indiqué « tome 2 sur 2″… alors que l’histoire ne se termine aucunement et que la dernière page est un pur cliffhanger débouchant sur les portes citées en titre. Il est ainsi tout à fait improbable que le scénario s’achève (ou ne s’achève pas) de cette façon et il est à envisager une construction par cycles. Jean-Pierre Pecau (qui se cache sous le pseudo de Simon Treins) a bien entendu les coudées franches pour poursuivre chez Soleil mais ce découpage annoncé reste un mystère non-euclidien… Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2025/02/01/randolphe-carter-2-2-par-dela-les-portes-divoire-et-de-corne/BDGest 2014 - Tous droits réservés