Info édition : Contient 4001 A.D. (2016) #1-4, le prologue paru initialement dans "Valiant: 4001 A.D. Free Comic Book Day 2016 Special", Rai (2014) #13-16, 4001 A.D.: X-O Manowar (2016) #1, 4001 A.D.: Bloodshot (2016) #1, 4001 A.D.: Shadowman (2016) #1 et 4001 A.D.: War Mother (2016) #1.
En bonus, une galerie de couvertures, planches crayonnées et dessins (46 pages).
Résumé: La Confrontation finale entre Rai et Père
Cent ans dans le futur, Père, l’intelligence artificielle qui dirige le Japon, devient conscient. Pour protéger ses frontières, il prend la décision drastique de propulser le pays dans l’espace, où son peuple pourra s’épanouir isolé d’une planète surpeuplée et polluée. Au fil des siècles, orbitant autour d’une Terre de plus en plus instable, le Néo-Japon devient une société modèle, basée sur un idéal de paix, de prospérité… et sur le contrôle total de Père. Mille ans dans le futur, Père crée le premier Rai, conçu pour protéger le Néo-Japon contre toute menace. Pendant des siècles, chaque nouveau Rai va assurer seul l’ordre et la justice… et servir Père aveuglément.
Aujourd’hui, à l’aube de l’an 4001, le dernier Rai s’apprête à découvrir la vérité sur ses origines et le sinistre secret au cœur de l’existence même de Père : pour que le Néo-Japon prospère, la Terre doit mourir. Parce qu’il a osé défier son maître pour la première fois depuis mille ans, le gardien solitaire du Néo-Japon se voit chassé du domaine qu’il protégeait auparavant. Exilé, Rai parcourt une Terre ravagée dont il ne sait rien. Il part à la recherche de héros comme lui, les légendes survivantes de cette planète brisée. Son objectif : monter une rébellion capable de faire chuter la civilisation la plus avancée de l’histoire… et son dirigeant despotique.
A
nnée 4001. Néo-Japon est une station orbitale qui gravite autour de la Terre. Elle est dirigée par « Père », une intelligence artificielle assurant la protection des habitants et l’organisation de la cité. Plus de maladies, plus de guerres, une natalité fortement réduite et plus de crimes. Jusqu’à ce que l’impossible se produise : le premier meurtre depuis mille ans vient d’être commis. Rai, gardien solitaire de Néo-Japon et représentant de l’autorité de « Père », est dépêché pour mener une enquête. Très vite, elle s’oriente vers les Luddes, un mouvement rebelle qui rejette l’ultra technologie et dont la cible principale est les Positrons, des androïdes en tous points semblables aux humains. Rapidement, les investigations de Rai vont prendre une tournure l’amenant à s’interroger sur le fonctionnement de cette société et à découvrir sa propre conscience.
Cette intégrale est l’occasion de plonger dans un récit de science-fiction constituant un divertissement de qualité, tant par le côté aventure aux multiples rebondissements que par les thèmes sociétaux sur lesquels il s’appuie. Si Rai est la structure centrale, le scénariste, Matt Kindt, crée une galerie de personnages secondaires qui bien souvent partagent avec succès le devant de l’affiche. Ils sont, de même que le héros, crédibles et dotés d’une certaine épaisseur. L’investigation policière n’est qu’un prétexte qui s’efface derrière des enjeux bien plus grands et complexes pour former une trame qui s’ancre dans des thématiques fortes : la science et ses débordements, la fragile frontière entre liberté et sécurité, le développement de la machine et son humanisation ou encore la quête d’identité et de valeurs.
Certes, ce foisonnement d’idées est parfois exposé plus que raconté de manière un peu lourde via des dialogues manquants de naturel ou une voix-off un peu pesante. Toutefois, ces défauts s’effacent devant la maîtrise du rythme et une narration prenante et divertissante. Mais ce qui saisit immédiatement, c’est le graphisme ultra numérisé de Clayton Crain. Malheureusement, cet aspect risque de repousser une partie du public et c’est bien dommage tant ce style semble ici parfaitement en adéquation avec l’univers et, de plus, très inspiré dans sa réalisation. Le dessinateur créé des ambiances impressionnantes grâce à la méticulosité de la colorisation et en utilisant des effets impossibles avec une méthode traditionnelle. Son trait précis et ses compositions splendides offrent une caractérisation visuelle forte à cette saga.
Le tome qui sort en ce mois de juillet parle de deuxième cycle, ce qui est totalement erroné. Il n’y avait aucune conclusion dans le premier opus et le découpage est seulement dû à des impératifs éditoriaux. Les affaires reprennent donc là où on les avait laissées, dans un Néo-Japon au bord de la catastrophe. Pas de mauvaises surprises sur la conclusion de cette épopée (qui pour le coup constitue bien une réelle fin), adroitement construite et menée, qui, assez logiquement compte tenu du contexte, laisse une place importante à l’action. Le seul bémol – plus de la déception que du handicap – provient de l’utilisation du guerrier éternel – un autre personnage de l’univers Valiant – qui, finalement, reste assez anecdotique.
Les deux-tiers de ce second album sont composés d’histoires autour de ce Néo-Japon en l’an 4001. L’essentiel de ces ajouts concerne l’histoire de certains des Rai, dont le premier créé par "Père". Toujours conçue par Matt Kindt, mais avec Cafu au dessin, cette dernière se révèle un complément intéressant. Les autres, déclinaison de certains auteurs, tel Jeff Lemire, ayant œuvré pour l’éditeur, demeurent plaisantes à défaut d’être pleinement enthousiasmantes.
Cette approche du super-héros sortant des sentiers battus est intelligemment agencée et magnifiquement mise en images. De là à la considérer comme indispensable, il n’y a qu’un pas qu’il est aisé de franchir.