L
es exactions et les attentats se multiplient. Amalie échappe de très peu à une tentative d’assassinat. Les autorités françaises décident de permettre à certains civils de rejoindre le convoi blindé afin d’être conduits à Saïgon. Ce projet inquiète les légionnaires, qui pensent, à juste titre, que l’opération va attirer sur eux l’attention des combattants du vietminh. D’autant que ceux-ci ont retenu la leçon de l’échec de l’assaut massif contre le train à Song-Lap.
Ce dernier tome est à l’image des deux précédents : sérieux et intéressant, mais ne permettant pas de vraiment s’attacher aux protagonistes. Finalement, dans ce mélange de petite et grande histoire, ce sont les faits réels qui accrochent le plus. Sur ce plan, Patrick Cothias et Patrice Ordas se montrent efficaces. Ils décrivent sans manichéisme la situation en cette année 1948, au moment où s’intensifie le conflit. Au-delà de l’aspect colonial, ils abordent les obscures luttes politiques et joutes de l’ombre liées à la montée du communisme qui embraseront bientôt l’Asie du sud-est. Leur exposé est sans concession, et même si le tout manque d’empathie, il est difficile de ne pas s’émouvoir devant ces milliers de vies qui seront broyées sur les autels de l’idéologie et du profit.
Le dessin de Winoc confirme cette sensation de retrait. S’il est appliqué et parvient à rendre l’atmosphère de l’aventure, le découpage assez conventionnel et le statisme des personnages nuisent quelque peu à l’impact émotionnel.
Plus instructif que prenant, La Rafale n’en constitue pas moins une bonne lecture.