Résumé: « Le temps s'arrête et, sans l'ombre d'un bruit, les minutes se sont séparées...On les a fumées sur la digue. »Le sixième objet de DoubleBob est toujours aussi singulier, aux confins de ce que la plupart d'entre nous appellons Bd.Son univers peuplé d'humains chimériques et de grands brûlés mute doucement, jalonné de schémas biscornus, d'énigmes poétiques et de confessions cryptées, déployé ici en sept livrets successifs. Quelques minutes est le journal de Minute, personnage s'aventurant rarement dans une ville inconnue et pour lui hostile. Il partage avec Agafia un goût pour les minutes, qu'ils boivent, et une certaine difficulté à s'acclimater à tout ce qui est hors d'eux.« Tout est à sa place, dans un extrême chaos.» chez Minute. Textes et dessins s'imbriquent étroitement ou fonctionnent séparément, rendent sous des formes multiples et ludiques les humeurs traversant deux êtres sur une année, leurs aventures minimalistes, la beauté qu'ils voient dans des miettes de réel.Cet objet littéraire et graphique non identifiable peut se lire sur un an, comme les sept fanzines qui furent envoyés par correspondance aux lecteurs de DoubleBob. Une année s'écoule auprès d'un personnage émouvant et baroque, une année au coeur des expérimentations formelles et narratives d'un auteur sans pareil. D'énigmes en jeux de pistes, l'étrangeté se laisse apprivoiser, offrant surprises, éphémérides ou cachettes, et une grande liberté : liberté d'avancer à son rythme, d'établir des liens personnels, de voir en Minute un parfait étranger ou un fragment de soi-même.C'est au lecteur de féconder ce récit protéiforme, de faire parler une poésie intérieure, d' « essayer de voir et d'être chaque goutte de pluie qui explose, chaque néon qui se fracasse, chaque fleur qui s'ouvre ».
Un petit coffret...
Qui contient 7 carnets dessinés, de 48 pages chacun... Ainsi qu’un plan et une carte, auxquels on peut ajouter une bande-son d'ambiance, en cherchant sur le net.
Le storytelling est surréaliste et l’expérience quasi unique en son genre. L’atmosphère se fait irréelle, interrogeant les lois de l’art 9, ses limites.
Et quel plaisir de tenir cette œuvre intimiste entre les mains, au format si particulier, qui rappelle de lointains souvenirs, et plus encore...
J’avoue, je n’ai pas compris grand chose lors de ma première lecture (beaucoup moins que Number Five par exemple), mais j’aime beaucoup le trait de Doublebob, émouvant...
J’ai savouré ces " doses " une par une, en prenant le temps. Une parenthèse mystérieuse et poétique, dans ce monde de brutes.
...Pour rêver gaiement.