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- La chronique
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Par D. Ollivier
L
e 3 juillet 1608, la ville de Québec fut officiellement fondée par l'explorateur français Samuel Champlain. En algonquin, elle signifie « là où le fleuve se rétrécit ». Afin de fêter ses 400 ans, les éditions Casterman publient un album dans lequel quatre duos d'auteurs Franco-Québécois présentent des passages marquants de son histoire.
De la fondation de Québec, scénarisé par Emile Bravo décrit, passage obligé d'une telle commémoration, la création de la ville. Ce premier récit est très surprenant car l'auteur a opté pour un ton délibérément humoristique, s'affranchissant ainsi du respect scrupuleux pour l'exactitude historique des faits inhérente à ce genre d'exercice. Cette liberté scénaristique affichée est déroutante et se trouve renforcée par un graphisme qui l'est tout autant. En effet, l'impression dégagée par le dessin de Jimmy Beaulieu est celle d'un crayonné préparatoire ou d'un story-board colorisé à la hâte. Ce double choix laisse perplexe et ne permet pas d'entrer pleinement dans le récit et d'en apprécier l'indéniable second degré à la première lecture.
Le Boulon d'or, de Pascal Girard et Etienne Davodeau relate l'accident qui coûta la vie à 76 ouvriers sur le chantier du pont de Québec le 29 août 1907. Il n'y a rien d'étonnant à retrouver le dessinateur de Rural et d'Un Homme est mort dans ce récit, de loin le plus intéressant des quatre, car il illustre le courage de ces hommes qui ont bâti cet ouvrage exceptionnel au-dessus du fleuve Saint Laurent. Un hommage rendu à travers le parcours d'un jeune garçon qui souhaitait prouver sa valeur au travail.
La Porte de Saint Jean permet de poursuivre ce voyage dans l'histoire de la ville avec l'une de ses institutions religieuses où de jeunes garçons étudiaient dans les années cinquante. Outre leur formation, ces élèves ont découvert la fraternité et l'amitié. Cette anecdote, imaginée par Philippe Girard, raconte l'escapades nocturnes de deux d'entre eux et son issue teintée d'humour. Le dessin d'Emmanuel Moynot plonge le lecteur dans l'ambiance studieuse de ce genre d'établissement, avec des couleurs sépias très appropriées pour décrire cette époque.
Les Cousins, enfin, illustre la tradition du nouvel an où les membres d'une même famille passent les uns chez les autres, festoyant à chaque étape, embarquant tout le monde pour finir la nuit chez l'un d'entre eux. Jean-Louis Tripp a imaginé une histoire festive qui au premier abord ne paraît pas bien passionnante, mais la touche humoristique de la fin porte ses fruits et porte à apprécier l'ensemble du récit.
Québec, un détroit dans le fleuve est une initiative originale destinée à tous ceux, fervents lecteurs de bandes dessinées ou non, pour qui le légendaire "je me souviens" est un peu plus qu'une devise désormais exploitée sur tous les articles destinés aux touristes. Pour les amateurs, l'intérêt se situe principalement dans les nouvelles prestations d'auteurs qu'ils aiment suivre, quel que soit l'horizon qu'ils poursuivent.
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