Résumé: France, 1975. Eugène Tarpon, détective privé de son état, accepte de rechercher une jeune aveugle disparue, Philippine, à la demande de Marthe, la mère de cette dernière. Lorsque Philippine lui écrit - en braille - qu'elle vit heureuse, Tarpon est prêt à lâcher l'affaire. Mais quand Marthe est assassinée en pleine gare Saint-Lazare, le détective décide d'aller fouiner un peu plus profondément. Au risque de mettre les doigts dans une très vilaine affaire où vont s'entremêler passé fasciste de certains Français, relations troubles entre police et extrême droite ou encore dérives sectaires...
Headline et Cabanes travaillent à nouveau sur un roman du mythique Jean-Patrick Manchette. Au programme : de l'action, de la violence, de la gouaille, une piquante autopsie de la société française des années 70 et un héros - Tarpon - devenu une icône du roman noir !
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aris, 1975. Marthe Pigot confie au détective privé Eugène Tarpon l’enquête sur la disparition de sa fille, Philippine. Lorsque cette dernière lui écrit pour dire que tout va bien, il est prêt à classer le dossier, mais voilà que la mère de la jeune femme se fait assassiner. Poursuivant sa quête, il met à jour une affaire où s’entremêlent, entre autres, trafic de drogue, relents de fascisme et sectes.
Tiré d'un roman de Jean-Patrick Manchette, le scénario de Que d’os ! souffre d’une certaine lourdeur. Le lecteur a l’impression que Doug Headline respecte trop le travail de son père (Manchette… Headline), et qu’il a du mal à s’affranchir de l’œuvre originale. Les cartouches narratifs abondent et les dialogues, certes percutants, s’éternisent, parfois au point d’entraver la trame.
Le récit se montre confus. Il faut s’accrocher pour ne pas s’y perdre dans les multiples rebondissements et les méandres d’une investigation aux trop nombreuses ramifications. La conclusion apparaît du reste un peu rapide, voire insatisfaisante. Au final, le lecteur ne sait plus trop que penser de cette histoire, laquelle pourrait facilement basculer dans la parodie.
Le dessin expressionniste de Max Cabanes ne porte cependant pas à rire. Cadrages serrés sur des visages cruellement découpés par la lumière, pluie oppressante, nuit interminable, que dire sinon que chacune des vignettes est placée sous le signe de la détresse au cœur d’une ville grise et poisseuse. Il y a quelque chose de fiévreux dans cette approche graphique, comme si chaque personnage marchait d’un pas hésitant au bord de son précipice. La colorisation n’est pas en reste, quand les cases ne sont pas en noir et gris, elles adoptent les couleurs criardes des néons de ces bars louches où les flics rencontrent les voyous.
L’affaire n’est pas sans intérêt, mais elle trébuche sous son propre poids. On en sort comme d’une filature trop longue : un peu éreinté, un peu déçu.