Q
uatuor : œuvre, morceau écrit pour quatre instruments ou quatre voix ; ensemble de quatre musiciens ou de quatre chanteurs.
Le parallèle avec la musique est évident, non seulement par le titre mais aussi par la couverture qui se donne des airs de Queen à l'époque Hot Space. A chaque case sa tonalité, à chaque histoire son propre ton ? En fait, non, elles se ressemblent toutes, pas en ce qui concerne les personnages et leur sort mais bien le sentiment amoureux qui les traverse. Des vies qui basculent, des rencontres durables ou éphémères, des émotions que véhiculent des textes tout en suggestions... pour un résultat à la mesure de la représentation ? Hélas, mille fois hélas, il faut bien dire que non...
Où le bât blesse-t-il ? Qu'est-ce qui empêche ces destins contrariés de susciter la passion ? Tout simplement l'excès. L'excès de bons sentiments, le trop-plein d'eau de rose, la surenchère de voix mystérieuses et le florilège d'effets de style qui tombent à plat. La seule chose qu'on ne trouve pas en abondance, c'est la surprise. Ce qui manque, c'est la fougue qui, à dose raisonnable, peut rendre une histoire d'amour palpitante. Bref, la petite touche de piment qui aurait donné plus de goût à un ensemble formellement bien réalisé mais tout de même un peu fade.
Que retenir de ce Quatuor ? Le dessin élégant de Catel qui, après Kiki de Montparnasse, confirme qu'elle a bien un style qui lui est propre. La mise en couleurs, douce et harmonieuse, qui, par sa fort belle ambiance, excelle là où le scénario fait cruellement défaut. Mais encore ? Eh bien... peut-être la difficulté d'adapter la littérature à la bande dessinée, de raconter la même histoire avec des codes différents, malgré les tentatives qui se multiplient...
Les quatre romans d'origine, rassemblés de manière un peu discordante, voire cavalière, dans cet unique opus, valent-ils plus le détour ? Demandez donc à Jacques Gamblin, José-Louis Bocquet, Thierry Bellefroid et Pascal Quignard, ils doivent bien avoir leur idée sur la question...