Résumé: 1894. Après trois ans de guerre secrète contre les anciens associés de Moriarty, il est temps pour Sherlock Holmes de sortir de l’ombre et de retrouver Baker Street… Mais avant cela, il lui faut mettre échec et mat le dernier et le plus dangereux des lieutenants du défunt professeur : le Colonel Moran, tireur d’élite et tueur aux nerfs d’acier. La chasse est lancée – mais qui est le chasseur et qui est le gibier ? Pendant que Holmes avance ses pions, Moran lâche ses chiens : une meute d’assassins, menée par le sinistre Deadeye… et c’est sur les francs-tireurs de Baker Street que le piège mortel va se refermer ! Fidèles assistants et compagnons de clandestinité du grand détective, Billy, Charlie et Black Tom (sans oublier le chat Watson !) vont se retrouver en première ligne de cette fin de partie meurtrière. Pour les Quatre de Baker Street, le dernier coup sera une question de vie ou de mort…
L
'heure du dernier affrontement a sonné. Après Desmond Keenes et le Superintendant Blakstone, le colonel Moran reste le dernier lieutenant de Moriarty à mettre hors d'état de nuire. Après trois ans dans l'ombre, le moment est venu pour Sherlock Holmes de revenir dans la lumière. Il pourra une nouvelle fois compter sur ses «francs tireurs», Charlie, Billy et Tom, qui sont impatients de passer à l'action !
David Étien prend plaisir à retrouver le petit monde de Baker Street ainsi que ses personnages et cela se voit. Il tient bien cet univers : des bas-fonds de l'East End avec leurs gargotes aux allées élégantes du West End et leurs clubs pour gentlemen, ses décors du Londres victorien sont détaillés et crédibles. Jouant avec les cadrages, les angles de vues, les différents zooms et la mise en page, il offre des planches pleine d'énergie, sans toutefois en faire trop. Le trait sec du (futur) repreneur d'Avant la quête de l'oiseau du temps fait aussi merveille sur les visages (et les gueules des truands !) et surtout les regards, le tout étant mis en valeur par une colorisation lumineuse qui joue astucieusement sur les ambiances et les éclairages. Le dessinateur offre une prestation très aboutie qui représente encore une fois l'un des point forts de l'album.
Ses compères au scénario ne sont pas en reste. Pour conclure leur version du «Grand Hiatus», ils tirent les fils d'une toile tissée depuis maintenant deux tomes. S'appuyant sur les caractères des héros qui grandissent, évoluent ou s'affirment aussi bien que sur la large galerie de personnages secondaires (déjà croisés ou pas), ils développent leurs relations et font rebondir l'intrigue efficacement. Leur partition est maitrisée et la musique rodée, mais pas de facilité à déplorer. Olivier Legrand et Jean-Blaise Djian exploitent chaque ligne narrative en alternant les séquences pour faire monter crescendo le suspens et le maintenir jusqu'au bout. Malgré une certaine densité de dialogues, le rythme qu'ils impriment à leur récit ne faiblit pas et la lisibilité reste parfaite. Cela donne un titre que l'on dévore pour connaître la conclusion et que l'on relira pour savourer les clins d'œil, les détails et les références à l'œuvre d'Arthur Conan Doyle.
Avec L'Affaire Moran, c'est le second arc - de trois albums - qui se conclut en beauté. Ce septième opus marque encore une progression - comme à chaque nouvelle sortie - et confirme que Les Quatre de Baker Street est une série de haute volée. Les studios Folivari (issus des Armateurs, déjà derrière Ernest et Célestine, ils vont réaliser Le Grand Méchant Renard) ne s'y sont d'ailleurs pas trompés puisqu'une adaptation en dessin animé est en cours de développement (la difficile étape du financement est lancée). Gageons que les auteurs leur fourniront encore de la matière avec d'autres aventures de cette qualité dans le prochain cycle.
Lire la chronique du tome 1.
Lire l'entretien avec David Étien et Olivier Legrand.
Les avis
kurdy1207
Le 17/10/2019 à 08:25:14
Nos francs-tireurs ont encore pris une année et nous n’avons plus affaire à des enfants mais à des pré-ados. La « petite vérole » de Scabs, ennemi juré de Billy, Tom et Charlie va être à l’origine de la sortie de l’ombre de Sherlock et de la fin du Colonel. En effet, une de ses fouines, un jeune garçon, va suivre nos jeunes amis et découvrir le lieu où s’est retiré Sherlock Holmes. Tout va alors s’enchainer, jusqu’à la perte de Moran. On sent que nos francs-tireurs ont grandi, c’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’à la fin de l’histoire ils vont recruter de plus jeunes qu’eux. Encore un bel album, un ton en dessous du précédent, où le dessin de David Etien fait des merveilles.
minot
Le 05/11/2016 à 19:34:06
Ayant éliminé un à un tous les anciens lieutenants du professeur Moriarty, il ne reste plus à Sherlock Holmes qu'à se débarrasser du dangereux colonel Moran, l'ancien bras droit du défunt professeur. Mais la mise hors d'état de nuire de ce tireur d'élite hors pair et chasseur impitoyable va s'avérer éminemment compliquée. Et bien sûr, ce sont LES QUATRE DE BAKER STREET qui risquent d'attraper les balles perdues de la partie de chasse qui se joue entre Holmes et Moran ...
Encore une franche réussite, avec un album remarquable, dans la lignée des précédents opus : scénario bien élaboré, suspense bien dosé, personnages secondaires réussis et dessins magistraux. Un régal.