Q
uatre histoires, une par saison. Un banc public, une salle de bain ou une bibliothèque, des lieux communs témoins de récits faits de traumatisme et de solitude.
Il y a des albums qui doivent se lire dans un certain état d'esprit pour ne pas ressortir abattu ou morose d'une lecture qui pourrait paraître éprouvante. Quatre est de ceux-là. Le sujet abordé n'étant pas léger, ce n'est en rien un défaut mais une simple constatation : la solitude et le manque de l'autre peuvent difficilement faire l'objet d'une comédie. Il faut néanmoins reconnaître que les différents scénarios souffrent de la présence de coins sombres, au propre et au figuré. Les non-dits laissent perplexe tant les interprétations sont nombreuses. Le lecteur doit comprendre une réalité suggérée par bribes ou par ellipses et c'est parfois l'incompréhension qui persiste. Qui est mort, qui est vivant ? Est-ce un souvenir ou simplement un espoir ? Un néologisme pour définition : perplexitude.
Le dessin en noir et blanc, rehaussé par un pourpre clair pour accentuer certaines ombres, est de circonstance : austère et chaud à la fois. Anton fait preuve d'une certaine maturité dans son coup de crayon pour retranscrire une ambiance pleine de tension, tant dans les yeux que dans la posture des corps. Il allie réalisme avec quelques trouvailles originales, les bulles faites de texte dactylographié pour laisser s'exprimer les livres par exemple. Une belle osmose avec les photos de Bramardi en introduction de chaque histoire.
Sentiment mitigé d'un propos qui peut ennuyer, déstabiliser ou marquer les esprits, c'est selon.
Les avis
Erik67
Le 29/11/2020 à 21:41:22
Quatre est un drôle de petit ouvrage. Il paraît très structuré dans son principe. Chaque chapitre correspond à une saison particulière. Le dessin épouse d’ailleurs merveilleusement bien les 4 saisons.
J’ai bien aimé l’entrée de cette histoire. On se rend compte qu’on a affaire à un jeune garçon qui est mort et qui erre sur un banc public. Il n’est plus qu’un fantôme qui observe l’entourage. Les objets se mettent à parler ce qui confère un caractère un peu étrange à l’ensemble.
Le second chapitre enchaîne sur une autre scène. On a du mal à suivre le fil de l’histoire. Arrivée au 4ème chapitre, on se demande où l’auteur voulait en venir.
Et puis, il y a une grosse frustration de ne pas savoir comment ce garçon est mort. Est-ce en voulant récupérer le ballon dans la rivière ? Cela serait en tout cas un indice laissé par l’auteur. Un peu plus d’explications aurait été souhaitable pour une meilleure lisibilité de l’ensemble.