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Quand je serai grand, je serai dessinateur de bande dessinée ». A cette phrase, nombreux sont les parents qui se sont inquiétés de l’avenir de leur rejeton, se demandant ce qui a bien pu clocher dans leur éducation pour en arriver là. Les Flamand ne font pas exception à la règle. Leur fils, Christian, est passionné par les « petits miquets », beaucoup moins par l’école, et ses résultats s’en ressentent. En 1965, il a dix ans, et comme tous les gamins de son âge, son esprit vagabonde, aidé en cela par les affiches du cinéma de quartier, les illustrés du jeudi ou les feuilletons télévisés.
Présenté par l’éditeur comme la suite de Vacances à Saint-Prix, Quand je serai grand… est pourtant bien différent du premier opus. Le cadre champêtre du Morvan a laissé place à celui, plus urbain, d’Auxerre même si la ville, en plein milieu des années 60, est loin de ressembler à une mégapole. C’est d’ailleurs l’un des regrets de Christian, celui d’avoir quitté Paris et son Salon de l’enfance, à l’âge de 2 ans. Le récit est constitué d’anecdotes plus ou moins croustillantes, de personnages croisés furtivement mais gardés dans un coin du cœur, de souvenirs d’enfance qui marquent une vie. Le récit en appelle à la mémoire collective, du moins celle que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, une sorte de madeleine de Proust qui agit pour faire jaillir un flot de nostalgie : Belphégor, Blek le Roc, Pim Pam Poum… autant d’évocations qui replongent le lecteur quelques années en arrière, dans une époque finalement pas si lointaine. Il y a peut-être moins d’événements extraordinaires que dans Vacances à Saint-Prix, moins de personnages insolites ou taillés à la hache mais une histoire simple et plaisante.
Le duo père-fils fonctionne plutôt bien, le dessin du deuxième, naïf et très expressif, mettant en valeur le scénario du premier, la complicité entre les deux auteurs transpirant à chaque planche. Quatre pages en fin d’album contiennent des photos d’époque, d’un encrier à une cassette audio, d’une couverture de Tartine à celle du journal de Mickey, poussant la larme, jusqu’alors contenue, à glisser sur la joue.