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our à tour enfant, adolescent boutonneux, quadragénaire détestable, ou jeune apprenti poète, le monde tourne autour de l'écrivain irascible et moqueur. La mise en image d'une partie des courtes nouvelles issues de la bibliographie de Marc Villard.
Jean-Philippe Peyraud est un habitué des tranches de vie, avec Premières chaleurs ou Ces années-là, il aime à décrire notre quotidien au travers de ses personnages. Quand j'étais star se concentre sur l'ego faussement surdimensionné de l'un des principaux auteurs du polar à la française et de ses frasques de jeunesse. Jamais condescendant ni pédant, ce recueil fait la part belle à la moquerie et à la dérision. Les allés-retours incessants entre les différentes périodes n'ajoutent rien au récit et laissent planer le doute d'une construction aléatoire de l'ouvrage. Une progression chronologique aurait apporté une continuité au récit et une structure plus cohérente au personnage central.
Le dessinateur est aussi à l'aise avec une séance de divan chez le psy que pour la masturbation hebdomadaire ou les fantasmes d'écolier. Il abandonne son fameux nez en virgule pour coller au genre biographique de circonstance, mais c'est la seule concession faite à son style si caractéristique adapté au "roman graphique". La bichromie noir/beige sied naturellement à ce genre et les ombres sont toujours aussi subtilement utilisées.
L'ensemble a été supervisé par Marc Villard lui-même, qui n'est pas à son premier coup d'essai en bande dessiné, puisque Rouge est ma couleur et La nuit de l'alligator ont été illustrés respectivement par Chauzy et le duo Loustal et Paringaux. Quand j'étais star permet de rentrer dans l'univers de l'écrivain par la porte autobiographique et d'entrevoir son esprit acide et décapant.