Résumé: Un petit village italien, fin 1800. Alice, une gamine un peu sauvage qui vit seule avec sa mère -qui n’a plus toute sa tête- est la cible des moqueries des autres enfants de son village. Après avoir sauvé un oiseau des griffes d’un renard, elle se lie d’amitié avec une vieille soigneuse qui vit dans la forêt. Cette dernière va l’aider à prendre confiance en elle et à faire de ses faiblesses des forces… Une histoire pleine de sensibilité qui mêle nature, sororité et personnages attachants !
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Ses jambes toutes maigres ressemblent aux pattes d’un oiseau.
Ses habits sont trop petits.
Ses cheveux ressemblent à un nid.
C’est pas une fille, c’est un moineau ! »
À l’origine, la maison Kinaye souhaitait rendre accessible la bande dessinée jeunesse américaine, dont les productions rencontrent un succès mérité outre-Atlantique. Après un tour de piste convaincant, la structure se lance désormais un nouveau défi. Soutenu par un financement participatif, son catalogue enregistre l’éclosion d’un label de création francophone : la collection Punch !. Cette dernière repose principalement sur un concept innovant de publication de quatre fascicules collector et indépendants par saison, autour d’un thème commun. La nature a été désignée comme fil rouge de l’année inaugurale. Après le poétique Minimage de Yohan Sacré, il est temps que Moineau prenne son envol.
Aux manettes, le lecteur retrouve Elsa Bordier et Sourya Sihachakr pour leur troisième collaboration (un épisode de Doggybags et un spin-off d’Ayako pour le magasine Tezucomi). La scénariste plante son mini-récit en Italie, à la fin du XIXe. L’ensemble de l’histoire se déroule aux alentours d’un petit village de campagne bordé d’une forêt. Là, Alice est isolée. Elle prend soin de sa mère malade et subit les brimades des enfants de sa classe. Elle délaisse ainsi ses obligations scolaires et cherche du réconfort dans les bois. En venant en aide à un volatile mal en point, elle se rapproche d’une vieille dame dépositaire de la connaissance de la vertu des plantes. Un lien intergénérationnel apparaît permettant à la petite d’engager un pas sur le dur chemin de l’acceptation de soi. L’écrivaine s’accommode parfaitement du format court, exercice dans lequel elle a éprouvé son style. Le récit est tendre, réaliste et, néanmoins, convenu.
Depuis Talli*, Sourya Sihachakr a posé ses feutres au profit d’un geste vif, griffé à la plume. À l’occasion de ces trente-deux planches, il ne modifie pas son trait - toujours influencé par les auteurs classiques japonais. Cependant et pour la première fois, il réalise une mise en couleur à l’aquarelle visant à s’affranchir de la colorisation numérique en aplat. L’expérimentation est bienvenue. Elle permet de trancher avec l’opus précédent. Par moments, le grain du papier se distingue apportant des effets de matière. Seulement, l’édition au rendu mat écrase légèrement les valeurs.
Avec Moineau, le tandem artistique aborde le sujet de la différence. Menée de façon traditionnelle, la chronique peine à surprendre. Punch ! balance un crochet du droit dans une garde avant que ne sonne la reprise. Le prochain round est prévu en août, Mélanie Allag portera alors une estocade de son Cratère. Fera-t-elle mouche ?
* Après trois opus édités chez Ankama, la série Talli cesse de paraître. Mais l’auteur aurait souhaité offrir une suite à son public. Il a donc mis en ligne un système reposant sur des adhésions mensuelles. En fonction du montant de votre souscription, vous obtenez des avantages immédiats sans attendre une parution éventuelle. Pour de plus amples informations, suivez son patreon