A
u cœur du 17è siècle, trois jeunes Françaises ont été déportées vers l’Île de la Tortue, aux Caraïbes, afin de contribuer au peuplement de ces nouvelles terres. Quitterie est mariée à Levasseur, le gouverneur, Louise est acquise par Toussaint, un ancien esclave devenu marin, dont elle ne tarde pas à s’amouracher. Apolline, quant à elle, est enlevée par Yuma, boucanier, chasseur et guérisseur de son état. Après avoir conclu un pacte d’amitié, déterminées à reprendre leur destin en main, elles s’adaptent peu ou prou à leur nouvelle vie, se font une place dans ces sociétés qui n’ont pas oublié d’être hostiles et trouvent des ressources pour se faire respecter. Pour autant, la question de leur devenir les taraude. Quitterie veut retrouver son fils et son amour restés sur le Vieux Continent. Elle s’associe au trouble Du Poincy pour se débarrasser de son mari, qui n’entend pas la laisser partir. Apolline apprend à chasser le bœuf sauvage au milieu de durs-à-cuire aux mines patibulaires. Louise, enfin, s’embarque dans une mission d’évangélisation de La Martinique avec le père Enguènes, aux préceptes religieux adaptables aux situations.
Cet épisode est le second de La Promesse de la Tortue, qui en comprendra trois. Toujours scénarisée par Stéphane Piatzszek (Le Commandant Achab, Le Maître des crocodiles) et dessinée par TieKo (Hindenburg, Tomoë), l’aventure se poursuit avec son point de vue original et riche en possibilités, c’est-à-dire celui d’héroïnes, rarement mises au premier plan dans les récits de piraterie. Cela permet de rafraichir un thème qui ne manque pas d’histoires originales ou d’adaptations, que ce soit en littérature, au cinéma ou en bande dessinée. Les stratégies ne reposent donc pas seulement sur la force physique et la confrontation mais aussi sur la ruse, l’adaptabilité et la patience. Le piège prend un nouveau visage, celui de ne plus être certaine de vouloir partir et d’échapper à ce monde imposé. Pour une fois, nul ne court après une carte au trésor ou un coffre rempli de doublons.
Comme pour le tome précédent, on pourra reprocher au graphisme de TieKo un académisme trop prononcé et un manque d’audace. Les éléments constitutifs d’une telle série d’aventures – les expressions de visages, la danse des corps ou les paysages exotiques – sont trop plats et timorés. Pas d’erreurs dans le trait ou la colorisation, mais un manque de folie qui éteint le souffle épique, qui induit la sensation désagréable de déjà-vu et qui laisse sur sa faim. Les aventurières sont belles à défaut d’être irrésistibles ; les vilains sont disgracieux sans être repoussants ; la nature est jolie sans être impressionnante. L’œil n’y trouve pas son compte.