L
a promenade des Canadiens : intrigué par cette dénomination exotique pour un chemin longeant la mer sur la Costa del Sol, Carlos Guijarro décide de se renseigner pour en savoir un peu plus. Rapidement, il découvre que les Canadiens en question faisaient partie de l'équipe de Norman Bethune, un pionnier de la médecine d'intervention et de l'aide humanitaire. L'origine du nom rappelle également un épisode dramatique et méconnu de la Guerre d'Espagne : la prise de Malaga par les hommes de Franco et la fuite désespérée de ses habitants qui s'en suivit.
Joignant le témoignage d'une survivante à ses recherches personnelles – le scénariste est historien de formation -, Promenade des Canadiens offre un compte-rendu précis et vibrant de l'exode des vaincus pour éviter la furie des troupes fascistes. Sans démériter sur le fond, la narration est cependant victime de la l'approche volontairement quasi-pédagogique de l'auteur, ainsi que de son envie de raconter une histoire poignante. Malheureusement, le mélange entre rappels purement historiques et épisodes vécus par la jeune Macarena se révèle peu au point. Résultat, l’incessant jeu de focale entre enjeux globaux et lutte pour simplement survivre s'avère confus et forcé.
Sans être complètement maladroit, le trait de Guijarro manque toutefois de précision pour totalement convaincre. Comme pour le scénario, le dessinateur semble forcer sa plume pour être certain de retranscrire les émotions. Certes, le lecteur ne peut être que convaincu des affres endurés par les personnages, mais un peu de retenue ou de suggestion auraient été tout aussi été efficaces.
Œuvre de mémoire salutaire, Promenade des Canadiens remplit sa part du contrat, malgré les nombreux défauts propres aux premiers albums.