L
e cafard, vous voyez ce que c’est ? La blatte, le cancrelat, le bourdon, ah non pas le bourdon, lui c’est seulement un cousin de métaphore. Là nous parlons des bestioles à pattes multiples qui s’immiscent partout, à l’appétit insatiable pour des menus qui soulèvent le cœur et aptes à véhiculer toutes sortes de maladies aux noms qui n'ont rien de frais et champêtres (ça, c’était quand les petits coins étaient au fond du jardin).
Sous la loupe du Professeur Choupsky c’est un peu ça évidemment, pas moyen d’échapper à des caractéristiques aussi fortes, mais c’est surtout l’occasion de s’offrir un joyeux moment de rigolade. Pourtant, ça commençait mal, les relents de références se faisant entêtants. Ces pages de gardes, mais c’est le Mister I de Trondheim ! Ce style faussement désinvolte et coloré c’est Lisa Mandel, ses Nini Patalo et Eddy Milveut et sa… blatte magique ! Le rapprochement n'est pas si étonnant lorsqu’on se souvient que les deux auteures ont sévi au sein des pages de feu Capsule cosmique. A ce moment-là, on se dit qu’il est tant de reprendre ses esprits et une bouffée de Baygon pour se dégager les sinus et se faire des idées neuves.
Car ce "Professeur Choupsky présente" est fichtrement marrant, surtout dans sa première partie. La transposition de l’univers et des motivations de la blatte à l’échelle humaine pour imaginer ce que pourrait donner la cohabitation le répugnant insecte et son hôte donne lieu à des situations hautement réjouissantes. Au moins pour le lecteur. La vie et le comportement social de ces parasites au « QI de 2 », vu de cette manière, c’est plus jubilatoire que tous les Fourmis du monde. Peut-être parce qu’on y manie le "beurk", le "cradingue" et le "qui pue", sans excès mais sans rechigner non plus. Faut ce qu’il faut.
Surfant sur ces effluves enivrants et se découvrant un appétit de chancre, on se dit bien vite qu’il sera trop court ce frêle album avant d’essuyer un coup de pompe (moins radical qu’un coup de pulvérisateur) au deux tiers lorsque le Professeur se lance dans la robotique. Finalement, 22 planches c’est bien.
En attendant de pied ferme la prochaine intervention nécessaire du Professeur Choupsky.