Résumé: Pour prendre le pouvoir, le second fils de l’empereur, Li Shimin, assassine ses deux frères et tous les membres de leurs familles.
Grâce à son intelligence et sa fine lame, la princesse Yongning parvient à échapper aux hommes de son oncle et à se faire passer pour morte.
Devenue une fugitive obligée de se déguiser en simple marchand, elle fait le serment de venger ses parents et de reconquérir le trône, quel qu’en soit le prix.
A
u VIè siècle, sous la dynastie Tang, le prince Li Shiming décide de bousculer la succession au trône en éliminant tous ses frères, ainsi que leur famille. Arrêtant les flèches des soldats, le général Yuchi laisse filer la princesse Yongning. La jeune femme, aussi experte en arts martiaux que dans l'Art de la Guerre, se grime en homme et décide de vouer sa vie à la vengeance.
Sur la base d'un véritableévénement historique, la prise de pouvoir du premier véritable empereur Tang en 626, Xia Da met en scène une héroïne assez éloignée des idéaux confucéens de l'Empire du Milieu. Yongning a ainsi reçu l'éducation d'un mâle héritier, et n'eut été son sexe, elle se serait affirmée comme le "meilleur d'entre eux". "Encore une histoire de fille à grosse épée" pourrait le premier réflexe du lecteur, mais c'est sans compter le contexte. La dynastie Tang est considérée comme l'âge d'or du sexe faible. Les dames montent à cheval, font du sport, combattent et dirigent, à l'instar de Wu Zetian, qui s'arrogera le titre d'Empereur et fondateur d'une nouvelle dynastie. Dix ans avant le début du récit, Zhao de Pingyang monta et commanda sa propre armée pour couronner son père. Rien d'étonnant qu'elle puisse avoir une nièce dotée des mêmes vertus martiales. Et le thème du travestissement est un classique avec la mythique Hua Mulan qui aurait vécu deux siècles plus tôt. Tous ces aspects font de Yongning une protagoniste crédible. Empreinte de la sagesse de Sun Tzu, elle laisse très peu transparaître d'émotions, telle une sorte d'Edmond Dantès entièrement concentrée telle une flèche vers son but. Prenant un petit livreur sous son aile, elle recrée le duo classique du maître et de l'élève.
Conforme à la vocation de la toute jeune maison d'édition Urban China de diffuser les auteurs chinois en occident, ce manhua se lit dans le sens occidental, dans un format comics soigné, ce qui ravira les réfractaires au genre. Le dessin en noir et blanc suit les codes classiques du manga, avec un trait très fin et un goût du détail et des jeux d'ombres qui ravit les yeux. Les planches qui marquent la transition entre les chapitres rendent hommage à la peinture classique avec ses monts brumeux et ses nuances d'encre. La toute jeune maison d'édition Urban China s'est donnée pour vocation de faire connaître les auteurs chinois en Occident et ce titre est pour le moins encourageant.
Vengeance, guerre, héroïne astucieuse à laquelle il est facile de s'identifier, les ingrédients sont présents pour une série efficace, servie par un graphisme et une édition de grande qualité.