Info édition : Noté "Première édition".
Traduction de Prince of Cats (2012) sorti chez Image Comics.
Résumé: "Prince of cats" c'est la face B de "Roméo et Juliette" de William Shakespeare, joué dans une version blade-runneresque du Brooklyn des années 1980, où les duels à l'épée côtoient les beats du hip-hop, du punk, du disco et de la new wave. Mais cette fois, le projecteur est dirigé sur Tybalt, surnommé ironiquement « le prince des chats », et sur son gang, les Capulet, qui se battent tous les soirs contre leurs ennemis jurés, les Montagues.
Le Prince des chats est un mélange de drame urbain, d'action samouraï et de théâtre classique shakespearien ... le tout écrit en pentamètre iambique !
D
epuis son retour, Tybalt Capulet, accompagné de Samson et Grégoire, ne peut s'empêcher de ressasser la perte de Petruchio. Tybalt ne rêve que de venger son ami, défait à la régulière, dans un combat contre Roméo Montague. Les deux familles ne sont pas prêtes à vivre en paix...
De West Side Story à Romeo + Juliette en passant par Shakespeare in love, le chef d'œuvre du dramaturge a toujours inspiré. Mais transposer l'intrigue des Capulet et des Montague, en plein Brooklyn, sur fond de guerre des gangs et de graffitis qui se règlent en sortant son katana, n'avait jamais été envisagé. Avec cette adaptation, il faut admettre que Ronald Wimberly s'offre un pari osé !
Dans un graphisme baroque, qui se prête à merveille aux tirades lyriques - dont quelques-unes reprises in extenso du texte originel -, ainsi qu'aux combats chorégraphiés à l'extrême, le scénariste propose un thriller ancré dans les années 80, aux relents d'histoire d'amour et d'honneur. Coupes afro, styles vestimentaires tout droit sortis d'un clip de MC Hammer et assauts dignes de Kurosawa qui font la part belle aux « chats » bretteurs, à première vue, le mélange a de quoi effrayer mais fonctionne plutôt bien.
L'audace dont fait preuve l'artiste dans sa colorisation aux teintes vives contraste avec un découpage sobre. Une bivalence qui se répète entre les dialogues, au langage châtié et posé, et la fureur qui se dégage des affrontements et des sentiments qui s'exacerbent au fil des décès. Cette opposition aurait pu se révéler efficace si la narration n’était pas aussi décousue. Une chronologie peu claire, des ellipses déstabilisantes, certains personnages par trop ressemblants, il faudra s'immerger pleinement pour ne pas perdre le fil. Et une fois la dernière case découverte, une relecture pourrait s'avérer bienvenue.
Projet ambitieux et original, Prince of Cats détonne autant qu'il désarçonne. Un O.L.N.I*, tout droit sorti de chez Vertigo, qui risque de rester hermétique pour la plupart des lecteurs. Mais une œuvre qui mérite le détour, au moins pour sa mise en scène, et de laquelle le cinéma s'est emparé (un long métrage sous la direction de Spike Lee est en préparation).
* Note du chroniqueur : O.L.N.I. : Objet Littéraire Non Identifié²²