Info édition : Paru initialement dans Preacher
Special: Saint of killers 1 à 4,
Preacher Special: The story of you - Know - Who et Preacher Speacial: The good old boys.
N
on loin du Texas, au milieu du blizzard hivernal de 1886, un ancien officier de l'armée confédéré chevauche désespérément vers Ratwater, un bled perdu où il espère trouver un remède pour lutter contre la fièvre virulente qui frappe sa femme et sa fille. La présence de Gumbo McCready et sa bande dans la région ne fait que rendre le voyage plus périlleux et pousse à nouveau cet ancien chasseur de primes impitoyable sur une route sanglante. En ce temps des filles de joie et des six-coups, débute la mission vengeresse et la légende du Saint des Tueurs …
En 1994, le quotidien du jeune Root n’a rien de réjouissant. Son père le maltraite, sa mère est alcoolique et, pour couronner le tout, il se fait également cogner dessus au lycée. Seule lueur d’espoir pour cet adolescent en perte de repères : son ami Craig et la musique de Nirvana. Mais le jour où Kurt Cobain se suicide, tout bascule …
Dans le Bayou, l’inspecteur Cal Hicks et la belle avocate, mademoiselle Tommi Ryder, sont poursuivis à travers les marais par des mercenaires qui veulent à tout prix récupérer les preuves qu’ils détiennent contre le célèbre terroriste, Saddam Hopper. Leur chemin va cependant croiser celui de deux gars du pays, deux bouseux de la pire espèce : Jody et T.C. !
Le quatrième volume de cette saga phare de la collection Vertigo, initialement publiée par le défunt éditeur Le Téméraire et reprise par Panini, tourne le dos à son personnage central et à son dessinateur attitré. Le temps d’un album, l’irlandais Garth Ennis abandonne la quête complètement déjantée de ce pasteur habité de la descendance d’un démon et d’un ange, et accompagné d’un vampire irlandais anarchiste et d’une jeune tueuse à gage. En regroupant une mini-série (Saint of Killers # 1-4) et deux numéros spéciaux (Preacher Special : The Story of You-Know-Who et Preacher Special : The Good Old Boys), Histoire ancienne délaisse l’histoire de Jesse Custer, Tulip et Cassidy pour se concentrer sur le passé de personnages emblématiques de la série.
La légende du Saint des Tueurs dévoile les origines de ce cowboy qui devint le moissonneur de Dieu. Rendant hommage aux westerns, Garth Ennis (Punisher, Hellblazer, Ghost Rider) emmène son tueur notoire aux portes de l’Enfer, là où ceux qu’il a envoyés sont légion. A une époque où le far-west était peuplé des pires crapules et où Le Diable jouait encore au poker avec l’Ange de la Mort, l’auteur livre une vision violente et cruelle de l'Ouest, ainsi que l’histoire tragique d’un homme qui vendit son âme torturée par les épreuves au Diable. Un western sans concessions qui flirte avec le Malin et le fantastique.
La deuxième partie revient également, sous forme d’un long flashback, sur le passé d’un protagoniste qui n’a pas toujours été un monstre. L’histoire est celle d’un adolescent dont le mal-être donne lieu à un énorme cri de détresse, incarné par le visage complètement ravagé de Tête-de-Fion. En s’attaquant au quotidien de ce loser dont le charisme n’arrive pas à la cheville du Saint des Tueurs, le récit perd un peu de son intensité pour toucher une corde plus sensible et plus humaine. Ce second parcours, tout aussi dramatique, permet de mieux comprendre l’attitude et l’origine de ce personnage secondaire complètement hideux, surnommé Tête-de-Fion.
Le dernier volet de cet album revient sur le passé de Jody et T.C., les hommes de main sans scrupules de Marie L'Angelle, la démoniaque grand-mère de Jesse Custer. Livrée sous forme de parodie des films d’action hollywoodiens, cette aventure inédite en France est indéniablement la plus malsaine des trois, mais également celle qui apporte le moins à la série, surtout que le duo de psychopathes n’y est plus vraiment à l’ordre du jour. Ce passage gore, totalement amoral et parfois dérangeant, mettant en scène un T.C. au sommet de sa zoophilie et un Jody massacrant un gorille de 200 kilos à l’aide d’une batte de base-ball, fait néanmoins ressortir quelques éléments sur lesquels reposent l’attrait de cette saga et la marque de fabrique d’Ennis. Une preuve supplémentaire que cette série qui rapproche plus du Diable que de Dieu n’est pas à mettre entre toutes les mains.
Comme à son habitude, cette épopée mêlant sexe, religion, alcool, violence et démons (pas forcément dans cet ordre là et toujours dans un contexte totalement déjanté) ne respecte rien ni personne. Le casting puise parmi les raclures de la pire espèce, les auteurs sont déterminés à faire gicler le sang et à n’épargner aucune boucherie au lecteur et la narration n’a pas peur de choquer. La volonté blasphématoire de s’attaquer à la divinité et aux défauts de l’Amérique profonde et puritaine débouche sur un humour décapant, tandis que l’univers et les personnages dégagent noirceur et immoralité. La principale ombre au tableau de cette œuvre corrosive, provocatrice et politiquement incorrecte est l’absence (excusée) de Steve Dillon au dessin. Ses trois remplaçants (Steve Pugh, Carlos Ezquerra et Richard Case) sur ce hors-série ne sont malheureusement pas toujours à la hauteur du travail de Steve Dillon, à l’exception peut-être de Steve Pugh, qui livre un graphisme et des personnages bien sombres, qui collent parfaitement à la saga du Saint des Tueurs. Si la présence de Steve Dillon fait défaut sur ce volume, les couvertures alléchantes et les commentaires judicieux de Glenn Fabry sont en revanche toujours au rendez-vous.
Situé en dehors de la continuité de la série, ce spin-off, assez jubilatoire malgré un graphisme moins consistant, permet surtout de s'attarder sur les personnages secondaires de la série, mais n’est pas vraiment indispensable dans la compréhension de la quête divine de ce prêcheur atypique qui recherche Dieu pour lui botter le cul !