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- La chronique
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Par F. Mayaud
J
esse est pasteur. Il sait parfaitement comment il l’est devenu et les raisons qui l’ont poussé à le devenir ne sont certainement pas le fait d’un perpétuel questionnement sur Dieu. Relativement peu enclin à disserter sur ce sujet, c’est poussé dans ses derniers retranchements qu’il va devoir s’exécuter et enfin dévoiler à celle qu’il aimera « jusqu’à la fin du monde », Tulip, le pourquoi du comment. Pendant que les deux tourtereaux en sont aux grandes confessions et autres présentations familiales, leur pote, ce vieux fils de pute de Cassidy, se torche la gueule à San Francisco au « Fisted sister », ça ne s’invente pas.
Il n’est point grand besoin de poursuivre le descriptif des aventures de ce trio improbable, tant l’important se situe ailleurs. Non pas que l’ensemble ne se tienne pas, bien au contraire, tout s’emboîte de manière très cartésienne à partir de l’axiome fixé au démarrage et Garth Ellis ne se fourvoie d’ailleurs pas dans des explications alambiquées. La sève de Preacher, c’est ce qui parvient à se greffer sur un terrain propice à l’élevage des consanguins et fertile en bastons. Le tout est porté haut par des dialogues qui donnent à la vulgarité, peut-être pas sans cesse renouvelée mais toujours de bonne facture, ses lettres de noblesse. Alors, quand même John Wayne n’est plus respecté dans un Texas qui aurait pu être sa patrie d’adoption, c’est bien que Preacher fonctionne sans limites, ou presque, puisqu’il pourra lui être opposé une relative bienveillance à l’égard de ses personnages. Question de point de vue.
Concluant ce qu’il est autorisé d’appeler un premier cycle, en traitant un second et en ouvrant un troisième, ce deuxième recueil rassure sur la capacité des auteurs à rebondir. La première partie constitue une véritable ode à la famille et se vautre dans la boue d’un Texas qu’elle ira sonder jusqu’à ses moindres recoins, proposant ainsi une alternative locale au petit Gregory sorti de son cercueil par B. Poelvoorde dans C’est arrivé près de chez vous. La seconde s’ébat joyeusement dans la fange de San Francisco, pervertie par le fric et le vice. Ce sera l’occasion ou jamais de faire connaissance avec ce mythe, bienfaiteur du zoo local, dont rien que le nom donne à rêver : Jésus de Sade. Si la dernière se situe clairement un ton en-dessous, c’est selon toute vraisemblance parce qu’elle n’est composée que d’un épisode (le dix-septième) qui fait office de transition pour mener le trio de l’apocalypse, ô joie, vers l’hexagone... Cependant, ce choix d’éditeur qui consiste à isoler un chapitre, sans doute dans le but de maintenir son lectorat sous pression, peut paraître dans le cas présent discutable et casse quelque peu le rythme initié dans les seize premiers. C’est un peu dommage, même s’il s’agit de faire piaffer d’impatience l’amateur quant à l’angle d’attaque choisi par Ennis et Dillon pour sortir la France de sa léthargie pré-troisième millénaire
Le graphisme est en harmonie avec le ton, à la fois simple et nerveux, mais aussi truffé de détails truculents pour l’œil averti, comme ce libertin qui course une espèce de hamster un rouleau de chatterton à la main. Il est facile d’imaginer le plaisir qu’éprouve Steve Dillon à croquer des personnages hauts en couleurs, comme autant d’émanations des turpitudes champêtres et citadines. La colorisation, sobre et efficace, se pose en faire-valoir du trait. Comme il est de coutume maintenant, cette édition propose les travaux de Glenn Fabry portants sur les couvertures.
Blasphématoire, jubilatoire, porté par des auteurs en pleine forme, Preacher est à la fois novateur, surtout si l’on le replace dans le milieu des années 90 qui ont vu sa naissance, parfaitement maîtrisé et mature... Façon de parler s’entend, parce que pour le reste, c’est un pur appel du pied à réveiller l’adolescent qui sommeille en chaque adulte.
- Chronique de : Preacher T.1
- Les avis
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zemartinus
Le 20/05/2008 à 19:42:42
On pouvait penser la tâche impossible, mais Garth Ennis et Steve Dillon
arrivent avec ce deuxième opus à être encore pire que dans le volume
précédent! les deux maestro du dégueulasse se lâchent complètement et
semblent ne se fixer aucune limites tant ces épisodes sont abjectes, infâmes,
immondes... de grands moments de lecture! sans oublier les couvertures
originales, vraiment magnifiques.
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