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l y a de l’eau dans le gaz chez les FG-3, un groupe de super-héros noirs. Commercialisé à l’excès, vivant de superbes royalties et adulé par le public, le trio monopolise les médias et génère des millions de dollars. Le départ de l’un des membres va cependant enrayer la fabuleuse machine marketing et lentement ternir son image. Lorsque les déclarations diffamatoires font place à la mort suspecte de l’un des super-équipiers, les inspecteurs Christian Walker et Deena Pilgrim se mêlent à la danse médiatique, bien décidés à faire le ménage en coulisses de cet univers poli à l’extrême.
Après plus de cinq années d’inactivité, les deux policiers affectés aux homicides impliquant des super-pouvoirs reprennent enfin du service. Proposant les épisodes #15 à #20 de la série et déterminé à rattraper le temps perdu, Panini Comics reprend la saga de Brian Michael Bendis et de Michael Avon Oeming là où Semic l’avait abandonnée en 2004.
A l’instar de Small Gods, Sam & Twitch ou Gotham Central, Powers expose le quotidien d’enquêteurs qui, à tout moment, risquent d'être confrontés au surhumain. L’originalité étant que le détective principal est un ancien super-héros ayant perdu ses pouvoirs et que son métier le contraint donc à croiser ses anciens "collègues". Tout en entretenant savamment des zones d’ombres sur le passé de l’inspecteur Walker, Bendis continue de mettre son personnage à mal, l’obligeant une nouvelle fois à faire des choix difficiles, qui influenceront sa carrière … et sa vie privée.
L’occasion est une fois encore donnée au célèbre scénariste de polars de renouer avec un genre qu’il affectionne tout particulièrement (Torso, Sam and Twitch, Goldfish, Jinx), tout en lui permettant de jeter son dévolu sur ce monde super-héroïque auquel il a souvent contribué (Daredevil, New Avengers, Ultimate Spider-Man). Au-delà d’une enquête policière assez banale et d’une intrigue pour le moins classique, le développement psychologique des personnages et le regard cynique porté sur l’univers des surhumains constituent l’attrait majeur de la série.
Super-Groupe démarre assez lentement avec un Bendis qui a parfois tendance à ralentir inutilement le rythme du récit en tombant à nouveau dans le piège des dialogues abusifs et peu utiles, qui empêchent l’enquête de véritablement décoller. Heureusement, au fil des pages la narration se fait plus incisive, pour dévoiler les dessous peu reluisants du monde des capes et des collants. Malgré la colorisation de Peter Pentazis, le dessin cartoonesque et le trait clair de Michael Avon Oeming ne parviennent pas à installer cette ambiance propice au crime et au polar sombre. Si le concept des flics traditionnels dans un univers de super-héros fonctionne parfaitement, le graphisme a plus de mal à faire ressortir le sordide des enquêtes, la souffrance des personnages et le pessimisme qui se dégagé de cette brillante attaque portée au mythe des super-héros.
Sur base de cette nouvelle histoire indépendante, proposant comme d’habitude un scénario efficace combiné à un angle d’approche intéressant de la communauté super-héroïque, la reprise de cette saga primée aux Eisner Awards par Panini Comics ne peut-être que saluée avec enthousiasme.