E
t si Marie-Antoinette avait échappé à l'échafaud en ce 16 octobre 1793 ? Mieux, et si elle devenait la meneuse d'une contre-révolution à la tête d'une bande de guerrières aussi dévouées que dangereuses ? Ce petit pitch de dystopie se révèle être bien trompeur pour tenter de qualifier ce manga complètement barré.
Akinosuke Nishiyama est un auteur de nouvelles et de romans à succès au Japon. Le présent tome est une adaptation de l'un de ses travaux. Le bougre se fait plaisir en imaginant une Marie-Antoinette qui souhaite révolutionner la Révolution en refondant "sa France". Et elle n'y va pas par quatre chemins, puisqu'elle possède un pouvoir fabuleux lorsqu'elle lève son glaive magique en criant... Ah non, ce n'est pas ça. Lorsque son ami le bourreau Charles-Henri Sanson use d'un point d'acuponcture, cela développe une arcane secrète de la famille des Habsbourg d'Autriche et donnant un corps parfaitement musclé et puissant à la reine. De ce fait, cette dernière bloque la lame de la guillotine à la main avant d'en faire une arme digne de celle de Guts dans Berserk ! À partir de là, "Power Antoinette" décide de retrouver son amie Rose Bertin pour aller libérer ses enfants et partir en guerre contre le gouvernement. En un seul chapitre, l'auteur fait basculer l'histoire de France, et de cette période dont les Japonais sont friands depuis la Rose de Versailles, en un délire RPG (Role playing game) complètement assumé, quitte à provoquer un ulcère chez les puristes de la mère des sciences humaines. Incontestablement, Nishiyama s'amuse beaucoup à mélanger les codes pour livrer cette alternative au destin de la célèbre Autrichienne. Le personnage principal est intéressant et peut faire penser à une Béatrix de Kill Bill, avec le côté léger de la vraie reine. Et c'est tambour battant que se déroule ce tome.
Le chara design est signé Misei Ito. Le tait correspond à ce que l'industrie du manga exige, sans être simpliste. Il s’inspire du ton du récit et offre aux lecteurs une Antoinette de presque deux mètres avec une musculature à faire baver nombre de bodybuilders. Les autres protagonistes ont parfois un look japonisant, à l'instar de la couturière attitrée de la reine, Rose Bertin, bien connue des lecteurs des romans de Frédéric Lenormand. Sanson en adolescente kawaii tant qu'à faire... et bien c'est le cas !
Le reste du manga est dessiné par Shima, dont ce titre est la première série publiée. D'un dynamisme saisissant, les scènes de combats sont entrecoupées par des poses reprenant celles des compétitions de musculation (puisque c'est un thème central dans le roman de départ). Puis, elles se terminent souvent par des cases ou planches apportant une petite pointe d'humour qui apporte une touche légère à l'ensemble.
Avec un côté What if franchement assumé par le scénariste, ce premier tome de Power Antoinette, aussi déroutant que surprenant, se laisse lire sans déplaisir.