Résumé: Poussière est une habitante d’Alta, planète dotée d’un
écosystème sain et équilibré. L’évolution de sa population humaine s’est effectuée en harmonie avec la nature. Mais elle subit depuis peu, et sans qu’on sache pourquoi, les dérèglements climatiques de la planète Terre, symbolisés par l’attaque des Cyclopes,
géants personnifiant la colère de la Nature contre les progrès destructeurs de l’homme.
C
'est sur une planète, Alta, dotée d’un écosystème complet et d’une société aux règles sociales très élaborées que Geoffroy Monde entraîne le lecteur dans une aventure complexe finement ciselée. Le cadre et l’ambition de Poussière fait immédiatement penser au Cycle de Cyann. En effet, Monde suit une approche globale similaire à celle de Claude Lacroix et François Bourgeon dans leur célèbre série. La première « immersion » est passablement brutale, tant cet univers est dépaysant. Des combats « sysiphiens » contre des colosses fantomatiques, un équilibre écologique devant être impérativement maintenu, un pouvoir vacillant et, au milieu, une héroïne-amazone grandeur nature prête à tout pour défendre ses deux petits protégés (dont les étranges pouvoirs seraient cruciaux pour régler la crise actuelle selon les autorités), sans toutes les clefs, il y a de quoi se perdre. De plus, chaque caste, activité et tradition est détaillée et complètement intégrée à la narration. Bien en charge, le scénariste distille tranquillement informations et précisions au fil des pages et, peu à peu, un portrait incroyable se met en place. Au final, la lecture est exigeante, mais grandement addictive.
Pur et quasiment dépouillé, le trait retranscrit avec une précision extrême les inventions du dessinateur. Dans le même temps, les planches regorgent de trouvailles techniques surprenantes et finalement poétiques. Hayao Miyazaki n’est pas loin et l’élégance d’un Frédérik Peeters palpable. Avec de pareilles influences, on aurait pu craindre un résultat fat et convenu. Heureusement, celles-ci sont totalement digérées. L’auteur de De Rien est sûr de son fait et propose un travail personnel en phase avec son propos. Outre le design, ce dernier joue astucieusement sur la mise en page passant d’une structure classique à un découpage explosé, muet et quasi-abstrait. Le mélange entre BD traditionnelle et séquences modernes dynamise encore un peu plus un ouvrage déjà riche et prenant.
Plus de questions que de réponses, du suspens à tous les étages et une esthétique fabuleuse, Poussière captive et séduit. Bon voyage !
La preview
Les avis
Erik67
Le 17/10/2020 à 10:22:38
Je reconnais qu'il y a un peu d'originalité dans cette oeuvre et surtout au niveau graphique avec une esthétique hors norme. C'est un univers bien singulier avec son écosystème et sa civilisation de castes aux règles bien définies.
Pour autant, je ressens les influences de titres comme par exemple L'Attaque des Titans au niveau de la construction de l'intrigue. Il est vrai qu'on entre tout de suite au coeur de l'action pour apprécier par la suite tous les contours de cette intrigue.
On sent bien qu'il s'agit d'une oeuvre assez ambitieuse ce qui n'est jamais pour me déplaire. Le second tome par exemple apporte une tout autre dimension qui constitue une réelle surprise dans le bon sens du terme.
Bref, une oeuvre de science-fiction assez dépoussiérante.
Shaddam4
Le 24/02/2020 à 18:23:02
Pour ma première lecture de cet auteur je découvre une sacrée imagination et un certain style qui réussit ce que n’avait pas totalement abouti le récent Negalyod, sorti la même année, encensé, et selon moi bien moins réussi que ce Poussière. Dans l’esprit on est donc entre un worldbuilding ambitieux (dans la veine de TER, Negalyod ou pourquoi pas Ultralazer) et l’idée du multivers avec deux réalités qui se chevauchent (qui rappelle l’excellent Brane zéro). Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler mais sachez que si le premier volume vous montre une planète attaquée par des géants, sortes d’incarnations élémentaires d’une nature colérique (l’auteur s’inspire clairement du pitch de l’Attaque des titans, avec un aspect écologique intéressant) dès le second volume on découvre le rôle de scientifiques avec un montage très audacieux entre les deux réalités. Côté graphique la colorisation criards pourra vous surprendre mais on s’y fait, surtout que le design général est vraiment original et que le trait de l’auteur se rapproche de celui d’une de mes découvertes récentes, l’excellent Frederik Peeters. Vous l’aurez compris, cette série part sur de très bonnes bases et arrive à trouver sa place dans l’univers très concurrentiel de la SF.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2020/02/14/bd-en-vrac-15/
Thomaswae
Le 30/09/2019 à 00:08:47
Et bien ... j’attends la suite. Mise en place d’un scénario et de personnages complexes avec une fin de tome très surprenante et bien j’ai accroché. Même si il est tout de même difficile de rentrer dans cette histoire de fiction le dessin et le rythme nous garde à l’haleine pour ce 1er tome