Résumé: Élevée en Angleterre dans une école catholique, Marie Lovitt applique une conception bien à elle de l’injonction « Aime ton prochain » qui lui a été inculquée depuis son plus jeune âge.
Généreuse, indifférente aux normes, Marie suit les élans de ses désirs avec une spontanéité qui enchante ceux qui en bénéficient, mais choque et déroute beaucoup d’autres, à commencer par ses parents. Marie s’efforce de construire sa vie en toute liberté, persuadée que l’amour pour les autres, aussi multiple soit-il, ne peut être source de mal.
Et c’est avec attachement que l’on suit le parcours de cette femme libre, féministe, pansexuelle avant l’heure, emblématique de l’évolution des rapports à la sexualité et à la religion au fil des cinquante dernières années.
L
es saintes institutions ont appris à Marie à aimer son prochain. Alors, elle les aime tous et toutes… et pas seulement dans la dimension biblique du verbe.
Marie a reçu une éducation puritaine et pudibonde, mais l’adolescente n’en a pas assimilé toute la rigueur d’autant plus qu’elle puise dans l’amour qu’elle dispense sans compter une force pour avancer. Cependant, dans l’Angleterre des années soixante, le quotidien devient vite compliqué pour une mère célibataire qui vit en concubinage avec un boxeur travesti bisexuel à ses heures !
Pour l’Amour de Dieu, Marie ! est gentiment improbable et sert de caution pour un discours sur l’acceptation de la différence et la liberté d’étreindre qui vous plait. Soit, mais au-delà de l’intention à vouloir bien faire dispensée par Jade Sarson, ne conviendrait-il pas d’aller un peu plus loin ? Ne faudrait-il pas approfondir davantage la personnalité des principaux protagonistes en creusant le côté sombre des choses et en évitant les ellipses trop importantes qui donnent à penser que la vie est une succession de moments sympathiques et sans conséquence.
Visiblement influencé par certains codes graphiques du manga, cet album hésite entre l’étude de mœurs et le shōjo. Le résultat est entre deux eaux, même si graphiquement l’ensemble est plaisant et coloré.
Marie est une femme un brin naïve et d’un optimisme psychologiquement suspect. De là à croire que la foi en l’espèce humaine soit source de bonheur extatique, il y a un pas… qui n'est pas forcément des plus faciles à franchir.