Info édition : Premier plat vernis sélectif. Avec bandeau.
Résumé: Robert est un humoriste raté, à la recherche d'un nouveau souffle. Pour ne pas dire qu'il est dans la panade et qu'il passe pour un ringard... Toujours être drôle, trouver le bon gag, le bon mot, ce n'est pas évident. Surtout quand on perd son boulot, puis sa femme et qu'on passe de désillusion en désillusion. Et pourtant, c'est à mourir de rire.Dans ces histoires, retrouvez un concentré de Goossens : de l'absurde, des militaires bien burinés, Dieu, Einstein, de la passion et même Louis ! Tout y est, et même le reste.Si nous avions été des critiques musicaux sans originalité, on vous aurait parlé de l'album de la maturité.
M
algré son talent, la finesse de ses observations et l’acuité de ses réparties toujours saillantes, Robert Cognard a fini par être rattrapé par l’époque. Remercié par son employeur (le leader des choses drôles dont il est préférable de taire le nom), il se retrouve sur le pavé, sans le sou et rapidement seul. Qu’a-t-il fait pour en arriver à cette situation ? Marrant et rigolo, il l’est, sans aucun doute. D’ailleurs, il n’a jamais triché et s’est toujours démené afin de provoquer les rires. Entre introspection et désespoir, il débute alors une quête existentielle qui le mènera au-delà des confins du possible et de l’impossible (attention à la marche).
Maître incontesté de l’humour absurde, Daniel Goossens étonne et charme les lecteurs depuis près de quarante ans. Grand Prix d’Angoulême, avalanche d’hommages, etc., son travail est reconnu partout et bien au-delà du petit microcosme de la bande dessinée. Redoutable logicien amateur de décalages, il n’a cessé de proposer des histoires improbables alimentées par un esprit implacable et nourries par un sens de l’observation sans pareil. Là où le commun des mortels ne voit que la routine du quotidien, Goossens en déduit la forme du monde et l’état de la société. Comment fait-il ? Pourquoi le fait-il ? Laissons la réponse aux spécialistes de l’Institut. Pendant ce temps, lui, il nous fait rire, ce n’est pas un mystère depuis longtemps.
Curieux néanmoins des raisons de l’hilarité chez l’être humain, il essaye dans La porte de l’univers de synthétiser les mécanismes intimes du bon esprit. Ne tente-t-il pas le Diable en osant déflorer les secrets des magiciens des zygomatiques ? Oui, un peu. Appliqué et davantage écrit que ses œuvres précédentes, la narration coule moins de source qu’à l’habitude. Les effets et les surprises sont bien présents et en quantité, mais l’ensemble semble légèrement poussif ou trop ordonné. Visiblement, l’auteur veut montrer à son auditoire comment ça marche. Malheureusement, ses efforts suggèrent surtout que c’est lui-même qu’il voudrait convaincre que son travail tient plus de la logique pure et dure que de l’humeur des muses. Le résultat n’est pas catastrophique pour autant, de nombreux passages s’avèrent même stratosphériques. Cependant, le ton parfois désincarné, le côté démonstration savante et l’accumulation de références ou de citations censées renforcer l’exposé alourdissent la lecture et finissent par desservir l’exercice (cf. la longue et verbeuse postface qui en remet une couche épaisse).
Brillant, méticuleusement construit et rempli de moments pas piqués des hannetons, La porte de l’univers en fait simplement trop. Ni raté, ni réussi, l’album démontre principalement que le dérisoire n’a pas besoin de justification ou d’explication pour exister et étonner.