P
olly est une jeune fille de bonne famille, très distinguée, qui coule des jours heureux à la pension de Mme Lovejoy. Mais un jour, elle apprend qu'elle serait la fille de Meg Malloy, la Reine des Pirates. Enlevée par l'ancien équipage de la Reine, on la somme de prendre le rôle de sa mère, en particulier pour retrouver une carte au trésor perdue. Mais l'équipage de Meg n'est pas le seul à lorgner sur ce merveilleux trésor. Le Capitan Claudio, fils du Roi des Pirates, essaie d'extorquer à la jeune fille l'emplacement de la carte en la menaçant de la perdre de réputation. Polly cédera t'elle à la menace ?
On peut faire à ce troisième tome de l'épopée de Polly le même reproche qu'aux deux précédents : pourquoi avoir charcuté cette histoire en séquences de 32 pages ? Ce format bien trop court découpe le scénario en péripéties presque banales, au lieu de lui laisser le souffle de l'aventure que l'on sent en lisant deux albums à la suite. Les enfants ne sont pourtant pas plus bêtes que les adultes, et le sentiment de "pas assez" est souvent bien plus fort chez eux. Dans Le Trésor du Roi, pris séparément, il ne se passe donc pas grand chose. On sent en sous-main la préparation d'une grande inimitié entre les enfants du Roi et de la Reine des Pirates, et la construction du caractère de Polly, un peu plus dure et volontaire que dans les deux précédents épisodes. On finit sur un nouveau coup de théâtre, mais l'envie de poursuivre la lecture n'est pas réellement là, persuadé que l'on n'en apprendra pas beaucoup plus dans le prochain tome.
Puis vient la deuxième idée étrange des Humanoïdes Associés : avoir fait coloriser l'album. Ted Naifeh affirme qu'il aurait fait les couleurs lui-même si le travail d'Albertine Ralenti ne l'avait pas satisfait. On peut en déduire que le résultat correspond à ce que l'auteur souhaitait. Mais le choix de l'informatique n'est pas forcément des plus judicieux, tant les aplats fonctionnent mal et lissent un dessin pourtant très anguleux et loin des traditionnels ronds et pastels des albums jeunesse. On ne reconnaît plus de la nervosité de Naifeh que les mains de ses personnages. C'est peu.
Polly et les Pirates n'est pas réellement une réussite, et ne restera probablement pas dans les annales des lecteurs français, sauf à paraître en intégrale et, soyons fous, en noir et blanc.