Résumé: Hubert est inquiet... Son frère, Serge, ne quitte plus le blockhaus où ils ont tous les deux élu domicile ; de plus, les visites de leurs potes zonards se font de plus en plus rares. Pendant qu'Hubert et sa bande bricolent des casses minables, Serge continue de sombrer, l'acide lui rongeant progressivement l'esprit. Seul l'aquarium suscite un intérêt chez lui et seul Hubert tente encore de lui sortir la tête hors de l'eau...
D
eux frangins vivent depuis plusieurs mois dans un blockhaus situé à flanc de falaise. Il ne s’agit pas vraiment de la version aménagée en loft, mais plutôt de l’option squat à vocation d’entrepôt pour marchandises tombées du camion. Hubert, une petite frappe, s’embarque dans des trafics minables et tente en parallèle de tenir la barre pour deux. Son aîné, Serge, a pour sa part largué les amarres depuis un certain temps et se laisse dériver au gré de sa folie alimentée par la consommation d’acides. Ce dernier passe ses journées dans ce bloc de béton et seule Nic, une amie avec laquelle il entretient une relation complexe, semble encore disposée à lui tendre la perche pour une possible relation humaine. En fond sonore, « The velvet underground and Nico » imprime le tempo de la déliquescence.
Après le très beau travail effectué sur Elle ne pleure pas elle chante, le retour de Thierry Murat était attendu. Dans cette histoire où les effets de la drogue sont tout sauf anodin, il place son dessin au diapason de protagonistes atones et inexpressifs. Les décors s’en tiennent au minimum utile et prédisposent ainsi son lectorat, en jouant sur le contraste des couleurs et un cadrage adéquat, à s’attarder de manière quasi-obnubilée sur certains éléments d’une banalité flagrante. Les effets secondaires ? Mais cela donne un ensemble qui peine à fonctionner, comme embourbé dans des choix esthétiques qui au final se révèlent guère séduisants. Compréhensibles par rapport au contexte, ils ne parviennent pas pour autant à se marier avec celui-ci.
Cette lente traversée du néant que caractérise avec justesse le titre tiré d’une absurdité amusante ou attristante, c’est selon, de ces moments de grâce qu’offre la consommation de stupéfiants, aura bien du mal à accrocher son lecteur. Le point de départ n’est sans doute pas des plus judicieux : une arrivée sans préalable dans le quotidien improbable des deux frères va vite se poser comme un véritable mur autour de leur problématique. Dans le cas présent, la question du « pourquoi » aurait méritée d’être davantage creusée. La brutalité de cette entrée en matière s’accompagne paradoxalement d’un démarrage poussif, qui ne décolle jamais réellement, handicapé par une narration qui manque sérieusement de rythme. L’impression qu’il ne se passe pas grand-chose prédomine, tandis que dans le même temps, ce peu qui subsiste s'avère d’un intérêt très relatif.
Le poisson-chat est de ces récits intimistes qui manquent parfois cruellement de sens et de profondeur, comme étouffés par l’intention de bien faire, au point de s’éloigner de l’amateur potentiel.
Les avis
Erik67
Le 04/09/2021 à 10:24:22
Deux frères vivent dans un blockhaus squatté au pied d'une falaise surplombant la mer. L'un des frères est totalement submergé par la folie. Il noie par exemple le chat de sa petite amie et tente diverses expériences macabres sur des poissons (comme si des poissons d'eau douce pouvaient s'adapter à la mer salée !). L'ainé essaye de survivre en se livrant à des petits trafics minables. C'est glauque à souhait. On est très vite pris par la chaleur étouffante de cet été qui n'en finit pas entre désoeuvrement et léthargie.
La lecture terminée, on en retire rien de très encourageant. Peut-être du mal-être ou de la tristesse... Le décor est minimaliste à souhait et les couleurs sont froides. Ce choix des auteurs est sans doute lié au contexte de ce récit.
On pourra toutefois saluer le courage de ce jeune homme qui ne laisse pas tomber son frère. Il est bien impuissant pour changer le cours des choses. Il est également question de drogues et de visions ahurissantes. L'histoire ne décollera jamais et c'est bien là tout le problème.