Résumé: Une poupée philosophe et confidente, un couple de supérieures intrigantes, le Conseil, des missions périlleuses couronnées de succès, des questions, un amour perdu puis retrouvé... Une voix intérieure obsédante, un chef tyrannique, la Junte, des cibles toujours plus nombreuses, des choix moraux, le souvenir d'un sourire à jamais perdu... Ces deux histoires sont celles de Lisa et Emil.
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i>Point de rupture ou l’archétype de la série B post apocalyptique dans un monde d’une noirceur extrême. En ces terres perverties, point de salut, juste un no future cyber punk. Décorum destroy, quartiers dévastés et friches industrielles. Pitch élémentaire sur fond de rivalités entre deux potentats vieillissants, cyniques et fascisants, chargés d’assurer la survie d’une élite sur le dos (mais un rein ou un œil font aussi bien l’affaire) des parias camés de l’infrazone. Pour le reste, des véhicules customisés, une cyborg gironde jouant les machines à tuer, des bad guys, des big guns et des batailles rageuses menées la bave aux lèvres.
L’histoire est connue (Akira, Gunnm, etc.), Carlos Trillo la saupoudre, en quelques courts chapitres nerveux, de certaines de ses obsessions : la corruption, le fétichisme qui s’accompagne, comme souvent chez l’auteur, d’un sous-texte homo érotique mais aussi le thème du masque et de la double personnalité, celle que l’on choisit parfois de revêtir, celle qu’on vous impose ou que vous ne pouvez que subir. Trillo livre un récit sur l’errance, sur la difficulté d’être soi quand les autres ne vous connaissent pas tels que vous êtes et vous font exister à l’inverse de ce que vous voudriez vivre. Pour résumer, ce deuxième volume souffre des mêmes faiblesses que le premier. Mêmes causes, mêmes effets : un scénario décousu, sans prétention, qui souffre autant de ses excès qu'il abuse des clichés du genre mais qui s’avère, pourtant, plein de dérision et de nostalgie.
Cela posé, il faut bien avouer que l’album vaut surtout pour le dessin d’Eduardo Risso. Et là, difficile de faire la fine bouche devant l’expressionnisme du noir et blanc, cette manière de jouer violemment sur les contrastes, de dynamiter l’espace en usant du plan rapproché, de l’itération iconique pour mieux peser sur les rythmes de l’action. A lire en marge – et c’est peut-être là le sens original du titre : Borderline – d’une œuvre autrement plus ambitieuse et pourtant contemporaine du duo argentin : Je suis un Vampire, dont la première intégrale vient de paraître.