Résumé: Le Poilu... Qui c'est celui-là ? Un guerrier, un brigand, un assassin. Personne de vivant ne l'a jamais vu. On dit qu'il possède une force surhumaine, que les montagnes s'écartent sur son passage. Il recrute des hommes pour les rallier à sa cause et tue ceux qui lui barrent la route. Tandis que le pays est dévasté, deux compères, vils et roublards, vagabondent eux aussi de village en village...
S
ous la menace permanente du Poilu, être sanguinaire sans pitié qui met à sac villes et villages, un duo de monte-en-l’air formé de Louis le nabot et de Jean le fier-à-bras opère à la petite semaine pour se payer, sans trop se fatiguer, la belle vie. Chemin faisant, ils tombent sur Charles, ou plutôt sur sa seule tête. En effet, au cours de multiples mésaventures, ce gentilhomme immortel a vu son corps être découpé de multiples fois, ne lui laissant, finalement, d'intact que sa seule caboche. Les deux brigands s’entichent de celle-ci. Après tout, avec un peu d’imagination, une tête qui parle toute seule est une source potentielle de revenus très intéressante.
Le Poilu peut s'appréhender de plusiers manières, à la façon d’un conte classique avec princesse et ogre, comme une légende avec son héros soumis à diverses épreuves initiatiques et, finalement, comme un récit allégorique riche en métaphores et niveaux de compréhension. Le scénario d’Olivier de Rességuier est, en effet, très riche et regorge d’éléments piochés ça et là dans le grand inventaire de l’imaginaire universel.
Comme pour la cuisine fusion, qui s’amuse à mélanger les saveurs des quatre coins du monde, l’important réside dans le dosage. Une trop grande accumulation d’ingrédients et le plat finit par être indigeste. C’est, malheureusement, le cas pour cet album. Chaque élément du récit, pris séparément, est plutôt intéressant et, souvent, très bien raconté. Par contre, leur addition au fil des pages rend la lecture très confuse. L’apparition, au troisième chapitre, d’un shaman-guérisseur, tout droit sorti des récits de Carlos Castaneda, en est, peut-être, le plus parfait exemple. Si ce personnage fait avancer l’intrigue, sa longue explication à saveur mondialiste remplie de détails sur l’origine du Poilu alourdit la narration jusqu'à en faire perdre le fil.
Graphiquement, le jeune dessinateur, dont il s’agit de la première BD d’importance, ne se montre pas des plus originaux. L’influence de Joann Sfar et Christophe Blain est tellement visible qu’une apparition du Borgne Gauchet ou d’Hiram Lowatt n’aurait pas étonné le lecteur outre mesure. Difficile donc de se faire réellement une idée du style d’Olivier de Rességuier. Il sait, sans aucun doute, composer une histoire et l’illustrer, encore faudrait-il qu’il réussisse à imposer sa patte et à se forger une identité d’auteur. Peut-être au détour d'un prochain album ?