Info édition : Avec jaquette illustrée ° Pas de DL mais d/2011/0086/25 ° Sens de lecture japonais 4 pages couleurs en début de tome
Résumé: Pluto... Sahad... Goji... Abullah...
De mystérieux personnages entrent en scène... Gesicht les poursuit et découvre enfin ce qui se cache derrière ces effrayants meurtres en série de robots !
D
ans un monde futuriste où androïdes et humains se côtoient et se ressemblent, Europol tente d’élucider une série de crimes mystérieux. Toutes les victimes sont retrouvées avec un ornement en forme de cornes sur la tête et les cibles du tueur sont les sept robots les plus puissants de la planète, dont fait lui-même partie l’agent chargé de l’enquête …
En adaptant Le robot le plus fort du monde, l’une des histoires les plus populaires d’Astro Boy, Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki (co-auteur de la série) s’attaquent à l’univers d’Osamu Tezuka. Arrivés à deux tomes de la fin de cette saga prévue en huit volets, ils enchaînent les rebondissements et accélèrent le rythme de ce thriller palpitant, qui multiplie les références à l’œuvre du maître mangaka.
C’est une image issue du subconscient de Pluto et montrant un homme souriant, entouré de fleurs, qui relance les investigations de l’inspecteur Gesicht. Abdullah, Goji, Sahad, Pluto … Le policier surdoué remonte méticuleusement la piste, pour un tome riche en révélations. De l’identité du meurtrier des scientifiques et des robots, en passant par la vérité sur les actions des supérieurs de Gesicht, cette excellente saga livre lentement tous ses secrets. Le bouquet concocté par Urasawa conduit le lecteur de Perse au Japon, en passant par la Hollande, l’Australie et l’Allemagne, et ne lésine pas non plus sur l’action avec, notamment, une confrontation intéressante entre Gesicht et Pluto, menée en parallèle avec une menace envers le professeur Hoffman. Brillant !
La narration de cette nouvelle histoire à tiroirs est toujours aussi efficace, comme en témoigne cette discussion entre le professeur Abdullah et Gesicht en début d’album. L’auteur de Monster, 20th Century Boys et Happy ! continue également de développer la psychologie de ses personnages et de jouer avec cette frontière de plus en plus ténue qui sépare les humains des robots. De l’intuition initiale du limier en passant par ces humanoïdes en larmes, Urasawa rend ses androïdes très humains. En plaçant robots et humains sur un pied d’égalité et en entretenant le flou qu’il a installé entre sentiments artificiels et réels, il parvient à créer énormément d’empathie pour ses protagonistes.
Développement psychologique soigné, aux petits oignons, intrigue prenante et narration proche de la perfection : lisez Pluto !
Les avis
excessif
Le 28/02/2011 à 19:49:11
Si les tomes précédents de "Pluto" m'avaient laissé un tantinet froid, voire sceptique quant à ce concept qui me semblait empêcher le "style Urasawa" de s'épanouir pleinement, peut-être par respect devant l'oeuvre écrasante de Tezuka, ce 6ème volume efface tous ces doutes : voici 200 pages que l'on peut qualifier de "urasawissimes", depuis la magnifique énigme - étourdissante - des tulipes de Sahad, jusqu'au mystère (à demi révélé, mais c'est suffisant) du péché originel de Gesicht, en passant par le suspense de l'attentat contre Hofman... Oui, tout est parfait ici, jusqu'à la conclusion, bouleversante, du voyage au Japon de Mme Gesicht et de sa rencontre avec Tenma. Extrême beauté et lisibilité du graphisme, science dans la construction narrative, complexité émotionnelle extrême, dignité dans la manière dont la violence est reléguée "hors champs", ou même désamorcée (on est loin des 60's de Tezuka, où érotisme et violence graphique étaient politiquement pertinents, et je comprends quant à moi les choix moraux de Urasawa de concentrer ses récits sur les dilemmes moraux et les choix éthiques de ses personnages), Urasawa prouve ici encore qu'il est bien un auteur majeur de notre siècle.