A
bréger la souffrance des condamnés. Tel était le devoir qu’Angelyno Lynch s’était assigné après avoir assisté à l’exécution de ses parents. Cette vérité qui est la sienne, il va la pousser jusqu’à l’absurde. Jusqu’à ce qu’il sente le sol se dérober sous ses pieds, instant à partir duquel il va se laisser gagner par une totale déshérence. Ancré dans ses nouvelles phobies, il erre sans but lorsqu’il se retrouve confronté à ce qui est devenu son pire cauchemar. Un déclic se produit. Pendant ce temps, sur une île aux apparences idylliques est caché un pénitencier pour femmes qui ne semble pas avoir d’existence légale. Quel rapport ? Aucun, jusqu’à ce que le destin en décide autrement.
Après un premier cycle qui semblait devoir donner lieu à une suite et trois année d’attente, Plus jamais ça est enfin relancé par son dessinateur, Fréderic Vervisch, qui reprend pour l’occasion la composante scénario. Le défi était de taille, car les tomes un et deux scénarisés par Jean David Morvan constituaient en ce domaine un bel exercice de style, en posant comme socle du récit son final. Enfer et contre tous témoigne de changements sur la méthode, l’ensemble reposant moins sur la construction que sur une ambiance générale. Moins enclin à un certain humour de répétition, cet album n’est cependant pas dénué de quelques bons mots et se montre au final plus dur et plus mature que ses prédécesseurs pour ce qui est du contenu.
D’un point de vue graphique, le lecteur ne sera pas perdu, le trait de Vervisch continuant à sculpter le faciès exsangue d’Angelyno au burin et à offrir de longues jambes aux jolies demoiselles. Concernant ce dernier point, comme pour Au-delà de l’Oboo , la couverture fait de belles œillades au potentiel acquéreur. Néanmoins, ce premier plan dissimule en son fond la véritable évolution qui concerne le travail de mise en couleur, pensé en l’occurrence pour se mettre en osmose avec l’atmosphère des différentes scènes.
Histoire d’un cow-boy solitaire, Enfer et contre tous est empreint d’une profonde tristesse. Ouvrant et clôturant son propre cycle, cet album charnière peut se suffire à lui-même, même s’il serait dommage de passer à côte de la lecture des précédents qui, outre l’intérêt lié à leur structure, présentent sa genèse.