Résumé: En fermant une dernière fois les volets de sa maison, Yvonne, 80 ans, abandonne 40 ans de vie pour intégrer un EHPAD. Le changement est rude pour cette femme indépendante, d’autant qu’elle a encore toute sa tête. Elle a du mal à s’acclimater à cette nouvelle vie, qui la rapproche douloureusement de la mort. Prise dans le tourbillon inéluctable de la vie, l’octogénaire décide de s’offrir une dernière parenthèse enchantée.
Y
vonne Lhermitte, quatre-vingt printemps et peut être quelques dents en moins, décide qu’il est temps de vendre sa maison. Elle déménage une dernière fois pour s'installer dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Toujours alerte et lucide, elle souhaite ne pas être un poids pour ses enfants et petits-enfants et se résout également à euthanasier Bellouche sa vieille chienne avant de « plonger » dans les dernières années qui lui restent à vivre. Yvonne doit maintenant se contraindre au respect d'instructions possiblement absurdes, dictées par un règlement intérieur rédigé par une directrice stricte et infantilisante, mais également essayer de rompre sa solitude en nouant de nouvelles amitiés avec les résident(e)s de son ultime lieu d'existence : Les Mimosas.
Séverine Vidal narre une histoire sur la fin de vie en EHPAD, sujet important de notre société actuelle où l’espérance de vie s'accroît d'année en année grâce aux différents progrès (médecine, alimentation, éducation…). L’autrice dépeint des moments ordinaires en collectivité comme les repas, les ateliers récréatifs, les dernières histoires d’amour, mais aussi la déchéance inévitable des pensionnaires. Les témoignages recueillis pour l’élaboration du scénario apportent sincérité, justesse et émotions qui peuvent être bouleversantes pour des individus qui ont été ou sont aujourd’hui confrontées à ce dilemme du placement d’un membre de sa famille en structure médicalisée.
Cet ouvrage qui se veut descriptif et pragmatique doit également beaucoup à Victor L. Pinel qui s’attache à dessiner avec réalisme les personnes âgées. Sans concession, le regard qu'il pose sur la vieillesse se révèle bienveillant et saupoudré de pudeur. Les corps dénudés sont réalistes et dépourvus de voyeurisme; un dégradé de bleu vient habiller et colorer plusieurs scènes journalières du récit. Pour finir, les pages sans dialogues méritent une mention spéciale, car elles appellent à la réflexion sur la condition de vie de nos aînés.
La place du « club du troisième âge » dans la bande dessinée devient plus importante depuis quelques années avec le succès reconnu des aventures trépidantes des Vieux Fourneaux (6 tomes) de Wilfried Lupano et Paul Cauuet chez Dargaud, ou très prochainement Ne M’oublie pas d’Alix Garin à paraître chez le Lombard traitant de la maladie d’Alzheimer. Le Plongeon dresse un tableau de notre civilisation empli d’humanité avec, comme fil conducteur, le bout d’existence aussi petit soit-il qu’il reste à vivre, à croquer à pleines fausses dents !
Les avis
Eric DEMAISON
Le 07/02/2022 à 14:15:46
Oui, sympa, mais bon?
Ici c'est le thème des EPHAD qui est traité. Une femme quitte définitivement sa maison pour aller en EPHAD. Tristounet au début, le récit s'anime jusqu'à ce que cette vieille dame "se révolte" contre l'insipidité de la vie proposée par la structure et décide d'organiser une escapade avec d'autres résidents.
Cette histoire d'une renaissance m'a fait penser à "Lulu Femme nue". En effet la dynamique du scénario est à peu près la même. C'est donc sans beaucoup de surprise ni d’originalité. J'ai d'ailleurs trouvé que c'était la même histoire transposée dans un autre environnement. Si on rajoute à cela un thème "à la mode", on a toutes les recettes du récit (il y a bien entendu la scène d'amour entre personnes âgées).
Mais il faut reconnaitre que le ton est juste, le dessin correct. C'est déjà ça. Mais cela ne me laissera pas un grand souvenir.
Erik67
Le 26/08/2021 à 08:09:20
C'est fou comme ce sujet des vieilles personnes qui rejoignent un EPHAD semble être à la mode en ce moment. C'est au moins la troisième fois cette année que je lis ce même type de scénario.
Mais bon, je vais passer sur le critère de l'originalité pour me concentrer sur d'autres aspects. Cet album est tout de même assez réussi dans l'ensemble car on se prend d'amitié pour Yvonne, 80 ans, qui abandonne sa maison pour vivre dans un EPHAD au milieu d'autres pensionnaires dont certains sont atteint de démence sénile. Oui, c'est un véritable plongeon pour cette vieille femme qui abandonne aussi une part de liberté.
Pour autant, elle ne se laissera pas faire. On admire alors sa ténacité face à une direction voulant appliquer des règles strictes comme s'ils étaient des gamins qu'on enferme. On va alors nous refaire le coup de la petite virée en guise de résistance aux restrictions et autres règlements.
J'ai beaucoup aimé la douceur de ce dessin qui s'intègre à merveille pour ce type de récit.
Au final, je retiens un récit assez touchant sur ce qui nous arrivera probablement tous un jour. Cela fait beaucoup réfléchir. Pour autant, l'optimisme reste très présent avec une recherche continuelle du bonheur même pour nos acteurs du troisième âge.
bulle.noire
Le 12/06/2021 à 22:07:49
Derrière cette couv magnifique se cache une parenthèse plein de sensibilité, de pudeur et de vérité.
Une vie, ou plutôt une vie qui se termine, celle d’Yvonne, 80 printemps et qui craint de plonger… de voir ses souvenirs s’enfuir, les mots la trahir, la mémoire s’envoler…
On suit donc son intégration à l’EHPAD « les mimosas », sa rencontre avec ses colocs, la découverte des règles de vie, des ateliers… Séverine Vidal trace des visages ridés mais sensibles, doux, qu’ils soient souriants ou tristes, le découpage nous offre des moments de pause, de réflexion.
Car après avoir été touché par cet album et par le désir de vivre et d'aimer d'Yvonne viendra forcément le moment de la réflexion…. Les vieux, la fin de vie, la mort, l’amour…..ce fameux plongeon vers le 3ème âge et au-delà. Aucun pathos là dedans, juste des mots et des regards, des notes qui sonnent juste et touchent en plein cœur.
Merci @lecteurs_com et @grandangle_editions pour cette belle lecture !