Info édition : Format : Autre (175x243mm) Noté "Dépôt légal : novembre 2023" et "Imprimé à la fin de l'été 2023"
Résumé: L'album de la plénitude d'un auteur de BD hors normes, à la croisée improbable de Charles Burns, Bruegel et Martin Handford.
Nous voilà embarqués dans les aventures d'un colosse pas banal et d'un petit plus que malin, tous deux fiers brigands ayant un don pour se mettre dans le pétrin comme pour s'en sortir. Le sbire d'un sultan tyrannique et monstrueux est à leurs trousses, mais rien ne se passe comme il voudrait : les deux lascars résistent, une sorcière-démon sanguinaire reste à l'affut et une prostituée, malencontreusement impliquée dans cette affaire, se révèle prête à en découdre... Et tout cela se passe, évidemment, sous le regard d'un sage sans visage, d'un lapin pas net et d'une pleine lune obsédante, pesante, qui couve toute créature et réveille chez certains les instincts bestiaux...
Pleine lune est une BD atypique et ludique, muette et en noir et blanc, qui donne toute sa place au dessin. On y entre avec une facilité déconcertante. Mêlant aventure, horreur, fantastique, comédie et tragédie, entre rêve et cauchemar, c'est un conte qui déploie un univers fourmillant et vertigineux de détails, dans lequel chaque planche est un monde. Alliant l'humour à un trait obsessionnel, à la fois naïf et d'une grande finesse, l'univers de Stanislas Moussé pourrait se décrire comme la rencontre entre Charles Burns, J.R.R. Tolkien, Pieter Bruegel et Où est Charlie ? Avec ce nouvel album pop, et après la trilogie de Longue vie, Stanislas Moussé atteint une apogée. Il pousse encore plus loin l'exploration de son imaginaire et affirme plus que jamais sa place singulière dans la BD contemporaine française.
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eux ans après Mater, Stanislas Mousse revient sur les étales avec un nouvel album muet et envoûtant : Pleine Lune. Saga d’heroic fantasy mâtinée d’horreur, le récit suit les affrontements apocalyptiques entre une horde de bandits et un roi défendant son territoire. Quelque part dans la forêt profonde, des puissances fondamentales veillent en attendant d’être conjurées à ces agapes sanguinaires. Au milieu du chaos, outre un lièvre totémique, une femme tente de survivre jusqu’au matin.
L’approche, la philosophie presque, n’a pas changé, pas plus que le style graphique unique abreuvé à l’encre la plus noire. D’un autre côté, même si l’effet de surprise qui avait saisi les bédéphiles au moment des parutions de Longue vie et du Fils du roi s’est logiquement estompé, l’énergie et le talent du dessinateur sont restés identiques. Résultat, cette longue fresque remplie de fureur s’avère ardente et explosive à souhait. Découpage et mise en scène mêlent intimement la miniature avec le baroque et offrent des planches visuellement saisissantes. Également impressionnant de maîtrise, même sans mots ou paroles inutiles, la narration coule de source. Les enjeux sont clairs et les intentions des personnages (y compris les plus ésotériques) parfaitement établies. Par contre, avertissement aux âmes sensibles, la violence et le gore sont au programme et, à l’image du reste de l’histoire, rendus avec force, fluides et fracas.
Peurs primitives faisant ressurgir des traumas oubliés mélangées au pur plaisir enfantin de jouer à massacrer ses petits soldats font de Pleine Lune une œuvre à la fois étrange, insondable et infiniment jouissive. Seul maître à bord, Stanislas Mousse ajoute un chapitre inclassable à une des bibliographies les plus atypiques du Neuvième Art.