Résumé: Les aventures de Bug le puceron : héros malgré lui d'une civilisation en plastok.Le monde des insectes a survécu aux humains, qui n'ont laissé qu'une montagne de plastique derrière eux ! C'est autour de cette matière « divine », qu'est née une nouvelle Société où coccinelles, papillons, fourmis ou abeilles dirigent le monde. Sur l'île d'Hexapoda où l'on a pris soin d'ériger des temples en l'honneur de l'Homme disparu, la grande prêtresse Anasta veille sur ses sujets en sa qualité de cheffe spirituelle. Son dévoué serviteur, Bug le puceron, n'est jamais loin, et cette proximité a le don d'agacer certains fidèles. Mais alors que la vénérable maîtresse s'apprête à nommer son successeur, elle s'écroule victime d'un empoisonnement ! Tous les regards se tournent alors vers Bug. Accusé puis arrêté, il ne devra son salut qu'à une collègue de cellule qui le sauve in extremis de la peine capitale à laquelle il était promis. Commence alors une cavale sauvage pour ce puceron et son acolyte qui s'est attachée à ce nuisible... Malgré sa gentillesse, Bug fait partie de ces insectes jugés inférieurs. Dans une Société hiérarchisée, il devra croire en son destin s'il veut découvrir la vérité et prouver son innocence. Il se pourrait d'ailleurs qu'avant de succomber, Anasta lui ait transmis un savoir inestimable... Maud Michel et Nicolas Signarbieux s'appuient sur les ressorts narratifs du conte dans le premier tome de cette fable socio-écologique, qui fait dialoguer des insectes anthropomorphes sous le trait vif de Nicolas Signarbieux. Une trilogie avec un univers graphique bien à part, aussi visuelle que sensorielle qui nous plonge dans le monde de l'infiniment petit pour un grand moment de lecture.
H
exapoda. Sur cette île épargnée par l’effondrement du monde, les insectes ont bâti une nouvelle civilisation autour d’une matière divine : le « plastok ». C’est la seule trace qu’ont laissé de leur passage sur terre les Dieux Géants, qui se sont éteints à la suite du déluge toxique qu’ils ont eux-mêmes engendré. Abeilles, cigales et autres scarabées se sont alors organisés et ont forgé la religion humanos. C’est en plein cœur de l’empire fourmi qu’est établi le saint siège, dirigé par Anasta CXV, coccinelle et grande prêtresse. Cette dernière a justement décidé que le moment est venu pour elle de se retirer et de laisser sa place. Une annonce qui va attirer la convoitise et marquer le début des ennuis pour Bug, le puceron qui lui sert alors de serviteur.
Pour leur première bande dessinée ensemble, Maud Michel et Nicolas Signarbieux ont fait le choix d’une approche animalière, limitée aux espèces à antennes et petites pattes. L’idée de départ est intéressante. Elle est surtout exploitée avec une belle maîtrise. Dans ce monde post-apocalyptique un peu atypique, une structuration presque féodale (avec des territoires bien délimités, des dominants et des dominés) s’est imposée et la religion est omniprésente. Pleinement inscrite dans la tradition du genre médiéval-fantastique, l’intrigue met en scène des luttes de pouvoir et trahisons de palais avec une dimension héroïque habilement dosée. Sans être véritablement originale dans son déroulé, l’histoire s’avère riche de nombreux rebondissements. Du côté graphique, le design des personnages est soigné et le trait, à la fois simple et dynamique, sert bien le récit. Quelques arrière-plans auraient, toutefois, sans doute mérité d’être un peu plus élaborés.
Astucieux et bien construit, L’empoisonnement pose de solides fondations à l’univers de cette série prévue en trois tomes. Vivement la suite.
Les avis
Erik67
Le 20/10/2023 à 07:43:12
J'ai adoré ce récit assez originale qui nous présente notre planète des siècles après où les insectes règnent en maître. Ce n'est pas dit expressément mais on comprend que les dieux étaient les hommes. Le plastique reste le vestige de cette civilisation qui a fini par disparaître à cause de la pollution.
On se rend compte également que le royaume des insectes se comportent finalement de la même façon que la race humaine en privilégiant le pouvoir et les différences de traitement dans la société profondément divisée. Coccinelles, papillons, fourmis ou abeilles dirigent le monde en pourchassant les insectes dits nuisibles.
J'ai bien aimé le début avec l'épisode de la grande prêtresse qui essayent de délivrer un message positif à ses élèves remplis de tolérance. Malheureusement, parfois on n'apprend pas. Cela va vite se transformer en chasse à la vermine et notamment au puceron. Heureusement qu'il y a une mante-religieuse assez courageuse et audacieuse ce qui change de l'image habituel de cet insecte.
Un mot tout de même sur le dessin de Sibargneux Nicolas dont c'est la première BD pour dire qu'il ne s'en sort pas aussi mal que cela. C'est même assez bien.
C'est une belle aventure qui pose pas mal de question et de réflexion sur l'avenir de notre monde. A découvrir pour son originalité mais également pour la richesse de cet univers qui ressemble étrangement au nôtre malgré les millénaires qui les séparent. Certes, après la planète des singes, voilà la planète aux insectes.
martindrouil
Le 20/08/2023 à 11:24:45
La meilleure bd de l'année, vivement la suite.
les dessins sont très bien travaillés, et l'histoire sort vraiment de l'ordinaire tout en étant très classique.
et pourtant je commence à ne plus supporter les histoires écolos.
minot
Le 21/03/2023 à 11:52:00
La trame est certes classique mais l'univers est super original. J'ai bien aimé que tous les personnages soient des Insectes anthropomorphes, ça change de tous les autres personnages animaliers couramment rencontrés en BD.
Le dessin et la colorisation font très "djeun's" (trait tout en rondeur plutôt agréable, découpage dynamique, couleurs hyper vives) mais ce n'est pas un reproche, car j'ai plutôt bien aimé. Le tout apporte une ambiance un peu "manga" qui est plutôt sympa.
Un bon point enfin pour les personnages, originaux dans leurs représentations (j'adore les Coccinelles et la Mante-Religieuse).
Hâte de connaître la suite. Je serai au rendez-vous pour le tome 2.
mediatheque_lannion
Le 07/03/2023 à 23:50:04
Cette BD n'était vraiment pas dans mes premiers choix de lecture...
Et bien grosse erreur, BD surprenante et très originale.
Après "Les 5 terres" avec des animaux, découvrez "Plastok" avec des insectes...
Vivement la suite car cette BD donne un coup de pied dans la fourmilière du monde de la BD !!
BudGuy
Le 26/02/2023 à 14:31:23
Voilà une série plus que prometteuse tant par son univers que par son anthropomorphisme insectifère.
Nous y suivons les aventures d'un puceron, Bug, mêlé à une histoire de plastique au sein d'une société composée d'insectes divisée par classe et type. Le mélange anthropomorphisme et culture romaine antique accouche d'un résultat plus que séduisant, bien mis en valeur par les décors et dessins de Nicolas Signarbieux.
La trame scénaristique est très classique: un personnage principal accusé et déchu, découverte des inégalités sociales, péripéties avec alliés/opposants… pas de doute, nous suivons bien le parcours initiatique du héros qui va se révéler.
Assez étonnamment le meilleur personnage, pour moi, n'est pas tant Bug mais bien son amie, Sagawa la mante-religieuse. En effet, à la fois inattendue, attachante, débrouillarde et très imposante physiquement, cette dernière vole la vedette au puceron chétif.
Ce premier opus est un très bon cru alliant la dénonciation des méfaits de l'Homme sur l'environnement, les jeux de pouvoir et autres jeux du cirque. La fin de cet album annonce un virage plus orienté aventure marine.