L
e Von Braun est en route pour Jupiter, avec Hachimaki et son père Gorô à bord. Ce vaisseau et son équipage représentent un tournant dans l'histoire de l'aérospatiale. Jupiter est un rêve pour les astronautes, et une véritable manne en terme de matières premières pour la Terre. Pourtant, le monde entier a les yeux braqués sur des événements bien plus proches : la guerre menace d'éclater entre les Etats-Unis et la République, et le conflit pourrait bien empêcher le moindre vaisseau de décoller, et ce pour très longtemps.
A raison d'un tome tous les 18 mois, Planètes est probablement la série japonaise à la parution la plus lente dans nos contrées. Un rythme qui correspond au ton apaisé et contemplatif du manga, traversé ça et là par de rares moments de frénésie. Et n'ayons pas peur des mots, il s'agissait jusqu'au tome 3 de l'un des meilleurs mangas traduits en France. L'attente était donc grande, d'autant plus que la fin du volume 3 sonnait comme une conclusion naturelle à la série.
Malheureusement, la déception ressentie est à la hauteur de cette attente. Certes, on retrouve avec plaisir l'équipage du DS-12, ainsi qu'Hachimaki, dans son long périple pour Jupiter. Certes, le dessin de Yukimura reste toujours aussi agréable. Mais tout cela n'atténue en rien la sensation de redite et de délayage qui s'installe à la lecture du livre. L'auteur se permet quelques facilités qu'il avait pourtant brillamment évité précédemment (notamment en ce qui concerne le passé de Fee). Surtout, à la place du propos humaniste intelligent des premiers volumes, on ne trouve plus qu'une soupe dégoulinante de bons sentiments artificiels. Le comble est atteint avec cette histoire ridicule d'extraterrestre, amenant brusquement et maladroitement de la science-fiction dans un récit d'anticipation plutôt rigoureux jusqu'alors, le tout afin de servir un discours sur la tolérance et le droit à la différence plat et tellement bateau qu'il en ressort vidé de toute crédibilité. Seules les scènes plutôt humoristiques à bord du Von Braun sauvent l'ensemble du naufrage complet.
Le principal défaut de ce tome 4 est qu'il n'a absolument aucune utilité, que ce soit du point de vue de l'histoire ou du propos. Yukimura, qui n'a plus l'air d'avoir grand chose à dire, tente d'intéresser le lecteur en recyclant plusieurs thèmes qu'il a déjà développé au sein de la même histoire. Il prive ainsi les nouvelles composant ce recueil de l'unité qui faisait la force de la série auparavant. Ici, les différents récits s'enchaînent plutôt péniblement, sans véritable fil conducteur, et laissent au final l'impression d'avoir lu une oeuvre bancale, une sorte d'excroissance sans âme du Planètes original.