Peu de mangas peuvent se vanter d'être à la fois aussi passionant et fascinant que Planètes. Yukimura a quelque chose d'un Taniguchi ("Le journal de mon père", "quartier lointain") qui aurait tenté de trouver la même sensibilité et la même beauté dans l'espace plutôt que dans un petit appartement.
C'est pourtant ce qui donne, à mon avis, toute la puissance des rapports humains entre ces éboueurs de l'espace : au-delà des grands rêves propres au XXe siècle, à savoir la course à l'espace et la conquête de nouveaux mondes (ces idéaux sont d'ailleurs plus ou moins tournés en dérision tout au long des 3 tomes), ce sont de petits tas de chair, fragiles dans la coquille qu'est le scaphandre (sentiment abordé dans le cauchemard d'Hachimaki tome 2, je crois), qui font face à un vide immense, à leurs craintes, à leurs faiblesses mais aussi à leurs ambitions. L'espace, à ce titre, constitue à lui-seul un personnage caché et omniprésent envers lequel tous les personnages de la série ont des sentiments très forts, souvent un mélange d'apréhension, de haine et d'irrésistible attirance.
On peut toutefois reprocher à la série un dernier tome (le plus long) d'une tenue un peu inférieure aux trois précédentes, Yukimura tentant de rallonger artificiellement la série par l'évocation du passé de Fee et de diverses petites histoires annexes, qui en soi n'amènent rien de véritablement nouveau par rapport aux épisodes précédents. Ce n'est effectivement pas tant la progression dans les faits qui constitue la trame du récit, mais l'évolution des personnages. Or on sombre souvent, dans le dernier tome, dans l'anecdotique ou le sentimentalisme un peu facile.
Toutefois, je le dis et je le répète, cette série vaut au moins cinq fois la peine d'être lue, et se place à mon opinion parmi les 4-5 meilleures sorties de ces deux dernières années.