Résumé: Délicat et viscéral, comme le plaisir qu’il exalte : tel est ce livre, le plus intime et le plus personnel de María Hesse. Elle y raconte son cheminement vers l’éveil sexuel, un chemin tortueux parsemé de culpabilité, de honte et d’ignorance, qu’elle a surmonté grâce à une curiosité insatiable et à l’exemple de ces femmes illustres qui ont su explorer le mystère et la puissance de la sensualité, affronter les préjugés de leur époque, donner un nom à ce qui leur manquait, et éclairer le chemin du plaisir pour que d’autres le suivent avec plus de légèreté. Des femmes de chair et de sang ou de fiction, telles Lilith, Marie-Madeleine, Colette, Anaïs Nin, Mata Hari, Simone de Beauvoir, Erika Lust, Daenerys Targaryen et bien d’autres...
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essiner comptant finalement plus que d’enseigner, Maria Hesse entame en 2016 une carrière d’illustratrice. S’ensuivront les biographies de Frida Kahlo et de David Bowie, puis dernièrement chez Presque Lune, un ouvrage très personnel sur le plaisir au féminin…
Ce dernier album n’est pas à proprement parler une bande dessinée, mais plutôt une réflexion illustrée. En cent-soixante pages colorées, agrémentées d’un graphisme naïf dépourvu d’artifice, la jeune autrice sévillane fait part de son apprentissage de la jouissance et entremêle son récit de considérations sur la libération sexuelle des femmes, en conviant celles qui en ont marqué le cours. Toutefois, en restant trop dans le registre du témoignage, Le Plaisir n’offre qu’une mise en perspective limitée. Constater la prégnance de notre culture judéo-chrétienne ou la mainmise (comme l’ignorance !) des hommes sur toute sexualité féminine suffit-il à bousculer les lignes ? À l’évidence non, surtout si la question du « Pourquoi » demeure en suspens et que les moyens à mettre en œuvre pour faire évoluer les mentalités sont à peine esquissés ! Cela étant, un large succès pour ce one-shot serait une pierre de plus à une émancipation toujours en construction. Si Maria Hesse en reste aux préliminaires, elle possède le mérite de traiter de son intimité sans fausse pudeur au travers d’un trait délicat et de belles métaphores végétales. À noter également le didactisme dont elle fait preuve et qui inciterait presque à recommander cet album pour les cours d’éducation sexuelle !
Séparer l’émotionnel du physique est un exercice plus difficile qu’il n’y parait et pour Maria Hesse, la découverte du plaisir ne devrait être source ni de frustration, ni d’asservissement… En la matière, il y a toutefois bien loin de la coupe aux lèvres !