Résumé: 1884. Allan Pinkerton entreprend d'écrire ses mémoires. Il retrace son enfance à Glasgow, la migration vers le Canada puis l'Illinois, où il fonde son agence de détectives et met en place la méthode Pinkerton (recrutement de durs à cuire, réseau d'indicateurs, utilisation de la violence), qui fait ses preuves dans des affaires légendaires : les Dalton, Jesse James, etc.
A
llan Pinkerton, créateur et patron de la Pinkerton’s National Detective Agency, est mourant. Ses mémoires sont rédigés. Il a tenté de répondre à la question qui l’obsède : « Why I am who I am ? » Quels événements, quelles personnes et quelles valeurs l’ont amené à se construire un tel destin ? Par la lecture de ses souvenirs et un ultime dialogue avec son ami et collègue Benjamin, l’homme remonte le cours de son existence : Glasgow, le départ pour le Nouveau Monde et l’installation dans l’Illinois. Tonnelier, chef d’entreprise, détective pour la police de Chicago, puis fondateur de la première agence d’enquêteurs privés.
Après trois épisodes centrés chacun sur une affaire, le scénariste Rémi Guérin et le dessinateur Damour s'attachent à la biographie de leur personnage. L’investigation est centrée cette fois sur le sens du parcours de leur héros et sa recherche perpétuelle de justice. Les planches oscillent entre introspection et évocation de faits ponctuels.
Ce choix fait que le récit n’a pas de véritable rythme. Rémi Guérin prend la voie de l'autobiographie, abandonne celle-ci pour faire un focus sur une histoire particulière, qu’il quitte brutalement pour revenir à la trame principale, et ainsi de suite. Le scénario manque d’une unité de ton, d’un objectif unique et d’un bon dosage. Des pistes sont lancées sans être exploitées jusqu’au bout. Cela génère de la frustration. À trop vouloir en dire, rien n’accroche et il reste soit la confusion, soit la platitude d'une simple juxtaposition d’anecdotes.
Le dessin irréprochable, quoique bien conventionnel et sans audace, de Damour ne sauvera rien. Il a tendance à se faire oublier et peine à interpeller l’œil alors que l’esprit se perd. Davantage de panache et d’ampleur auraient été bienvenus.
Si les trois premiers tomes ont été réussis, ce dernier épisode marque le pas. Une certaine rigueur narrative fait défaut. L’agence de notre héros a pris comme devise : « We never sleep ». Ce n’est pas le cas du lecteur qui tente d’entrer dans ce Dossier Allan Pinkerton 1884.