Info édition : À l’occasion de l’exposition Matsumoto à Angoulême 2019, Delcourt/ Tonkam réédite Ping Pong dans une version prestige.
Édition complète en deux volumes avec pages couleurs, poster (non détachable) et 1 chapitre inédit.
Résumé: Smile et Peko, amis d’enfance, fréquentent le même Lycée et sont inscrits au club de ping pong. De caractères très différents, Smile a toujours vécu dans l’ombre de Peko à qui tout réussit... jusqu’au jour où face à un joueur chinois de très haut niveau, Peko, qui rêve de devenir champion du monde, perd le match sans marquer un seul point. De son côté, Smile, pour qui le ping pong est un simple loisir, se fait remarquer par l’entraîneur du club de son lycée…
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éko et Smile se connaissent depuis toujours et partagent une même passion pour le tennis de table. L’un est plutôt rêveur et sociable, l’autre renfermé et peu sûr de lui. Une chose est certaine, les deux sont immensément doués. Maintenant au lycée, ils font partie de l’équipe de leur école. Rivalité, doute, entraînements éreintants, les compétitions sont prises plus qu’au sérieux. Allez, encore un petit match avant la reprise des cours.
Les éditions Delcourt profitent de l’actualité autour de Taiyou Matsumoto pour rééditer quelques-unes de ses œuvres majeures dans d’élégantes intégrales. Accompagnant Amer Béton, Ping Pong se détaille désormais sur deux volumes. De jeunes héros à la sortie de l’enfance, un univers dur aux règles strictes et l’amitié, la patte de l’auteur de Printemps bleu est immédiatement reconnaissable. Si le cadre est sportif, c’est bien évidemment de la société japonaise dans son entier dont il est question. Codes sociaux hérités du bushido, chaque seconde de la vie semble être dictée par des non-dits impensables à briser. Pas de place pour la sensibilité ou toute forme d’individualité autour des tables, chaque coup doit être gagnant, l’honneur du groupe est en jeu.
Cinq cents pages sur le ping pong et les questionnements existentiels d’adolescents nippons ? Oui, en gros, c’est ça et c’est passionnant à lire ! Matsumoto transforme ces joutes pongistiques en une véritable lutte pour la survie de l’âme qui sait parler bien au-delà de son public original. Au final, chaque joueur se retrouve seul face à lui-même au moment de renvoyer la balle. Pensera-t-il en premier à son ami ? À sa famille ? À son entraîneur et à son école ? Ou, d’abord à lui-même ? Mise en page au cordeau, effets d’optiques brisant les perspectives, angles de vue improbables, la tension est intenable du début à la fin. Pas de méchant (même le transfuge chinois), pas plus de gentil pour autant : une lame de rasoir fait office de filet et ça sera à qui la frôlera le plus près. Impossible dans ces conditions de ne pas y laisser des plumes.
Prenant, étouffant et infiniment satisfaisant, Ping pong est une lecture de longue haleine mêlant psychologie de haut vol et dramaturgie implacable. Le résultat se montre assourdissant, tout simplement.