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illow n'est pas vraiment populaire à l'école... La fillette a tendance à être l'objet de moquerie de ses camarades et se laisse facilement déborder par ses émotions. Mais cette sensibilité à fleur de peau semble liée à un drame familial face auquel même sa sœur, Linnea, apparaît démunie. Entre crises de larmes et accès de colère, l'ambiance est électrique à la maison. Pourtant, Willow avait fait une promesse à sa mère...
Dans la foulée de Minimage qui a inauguré la première saison de sa nouvelle collection Punch, les éditions Kinaye publient Pilu des bois, une des contreparties de leur campagne Ulule. Comme les quatre fascicules prévus, cet album a pour thème la nature. Élément central du récit, elle entoure la petite qui adore les balades en forêt avec son père et sert de prétexte lors de l'une de ses escapades pour la mettre sur la route de Pilu, enfant mystérieuse dont la tristesse la renvoie à la sienne.
Pour son premier titre publié dans l'Hexagone, Mai K. Nguyen s'appuie habilement sur ce cadre pour aborder des thèmes nettement moins légers. Peur, colère rentrée, non-dits, deuil, l'autrice ne se cantonne pas à l'aventure fleur bleue et facile à laquelle sa couverture pourrait faire penser. Avec un sens certain de la narration, elle mêle réalité et fantastique pour symboliser les tourments auxquels ses deux personnages principaux sont confrontés. Le contraste entre son trait rond, aux inspirations manga, et son propos est astucieusement utilisé. Sur les plus de cent quarante planches au lettrage adapté aux plus jeunes et au découpage simple mais bien pensé, elle tient ainsi en haleine son public, jusqu'au dénouement, évidemment heureux.
Plus grave et nettement moins naïf qu'il n'y paraît au premier abord, Pilu des bois s'avère poétique et bien mené. Encore une réussite pour les éditions Kinaye qui continuent d'affirmer leur style et d'apporter une belle différence avec ce que les autres éditeurs jeunesse proposent.