Le 08/02/2025 à 08:38:44
On peut dire qu'actuellement la mer subit un vaste pillage de la part des Etats. Dernièrement, un homme qui a sauvé des milliers de baleine a été enfermé en prison au Groenland par le gouvernement danois suite à une demande d'extradition du Japon, pays très connu pour son pillage systématique des mers. Je me suis réjouis pour sa libération méritée. Excusez-moi, mais même si je suis un juriste émérite respectueux du droit international, je considère le militant écologiste Paul Watson comme un véritable héros des temps modernes. Il y a des combats qui sont nobles et qu'il faut mener pour sauver la planète. Pour rappel, le Japon accuse le militant écologiste d'être co-responsable de dommages et blessures survenus à bord d'un navire baleinier nippon en 2010 dans le cadre d'une campagne menée par Sea Shepherd. Evidemment, un titre de BD documentaire comme « Pillages » ne pouvait qu'attirer mon attention. Je ne suis en effet pas favorable à la destruction des océans et de la nature même si je ne suis pas du tout un écologiste. C'est dit. Fondée en 1977 par le capitaine Paul Watson, Sea Shepherd est l'ONG de défense des océans la plus combative au monde. Elle est vouée à la protection des écosystèmes marins et de la biodiversité. Elle est particulièrement engagée dans la lutte contre la pêche illégale notamment la chasse à la baleine ou le massacre des phoques et des dauphins. Les menaces qui planent sur nos océans sont de nature différente : surpêche, pollution, changement climatique, espèces invasives et destruction des habitats. Or, la mer procure une multitude de bienfaits à la planète que cela soit pour l'oxygène produite, le climat ou encore l'alimentation pour ne citer que ces 3 exemples marquants. Bref, il convient de la protéger. La scène du début de cet ouvrage est fort intéressante pour voir comment les chinois s'y prennent avec les africains pour piller leurs rivages. Ils ont chassé les européens pour les remplacer par de nouveaux colonisateurs en étant très sensible à leurs paquets d'argent. C'est franchement pathétique mais cela traduit malheureusement la triste réalité de ce phénomène de masse. A chaque chapitre, on a droit à un récit différent afin de nous montrer les différentes situations en lien avec ce pillage de mers et comprendre la mécanique de ce système implacable. Ainsi que le second chapitre qui se concentre sur les 130.000 pêcheurs esclaves dans le monde m'a également marqué. Quand on est éloigné de ce genre d'informations, il est bon que ces ouvrages documentaires nous renseignent de manière objectives afin de développer une certaine prise de conscience. Bref, comme dénominateur commun, il y a les difficultés économiques des plus pauvres qui sont véritablement exploités par des plus riches qui saccagent la planète pour s'en mettre plein les poches. Une de ces BD d’utilité publique qui serait à lire de toute urgence. Le genre de livre qui ouvre les yeux sur le monde qui nous entoure !Le 24/07/2024 à 11:03:23
17.000 chalutiers européens et chinois pillent les ressources marines du golf de Guinée pour alimenter la voracité des consommateurs occidentaux en saumon et thon. La mondialisation apparait dans toute sa concentration, créant de la misère, de l’insécurité, déracinant les familles et détruisant les écosystèmes. Le commandant d’un navire Sea Sheperds raconte cette réalité crue… La riche collection Delcourt/Encrages voit arriver un nouveau documentaire percutant qui parvient à synthétiser en cent pages nombre de problématiques liées à la fuite en avant capitaliste. Le soucis de beaucoup d’albums docu est souvent de rester trop près de leur sujet en oubliant d’en extraire l’essence et de proposer des solutions. Nombre de photographies immédiates qui ont le mérite de révéler des horreurs mais qui nous laissent un peu sans ressources. Ce n’est pas le cas de Pillages qui a d’abord le mérite d’être une vraie BD et l’intervention du semi-pro Renan Coquin étonne par sa maitrise du langage séquentiel. Avec une colorisation tradi variée et élégante, il crée des atmosphères crédibles en nous promenant sur la terre d’Afrique, sur les ponts rouillés des navires ou dans les rues de Paris. Déroulant le scénario fictif le dessinateur fait respirer ses pages en alternant le découpage, tantôt classique, tantôt en gaufrier muet et entrecoupe les séquences par des doubles-pages très didactiques où l’on revient sur les données chiffrées qui permettent de mieux appréhender le récit que nous venons de lire. L’expérience de l’artiste avec la Revue Dessinée se ressent et c’est un bon point. Le narratif est écrit par un spécialiste qui évite de s’enferrer dans la technique de données empilées et nous raconte son histoire à hauteur d’hommes et de femmes, un pécheur contraint de trouver une solution à l’absence de poissons et une capitaine de navire qui collabore avec un gouvernement africain pour attraper les chalutiers clandestins ou simplement en infraction. Ces deux personnages aux deux bouts de la chaine structurent l’histoire et permettent de varier les thématiques sans se disperser. Nous découvrons ainsi que la quasi-totalité de la piraterie mondiale a migré de l’Océan indien vers le golfe de Guinée, que la corruption empêche les autorités de faire appliquer la loi et que l’Europe en alimentant la concurrence entre flottes de pêche joue du cynisme qu’on lui connait. Pour qui s’intéresse aux migrations et aux questions environnementales les éléments apportés ne seront pas une grande révélation. Pourtant l’aisance avec laquelle les multiples problématiques sont mises en lien cohérent, que ce soit pas l’explication ou par l’image brute, montre un travail pédagogique remarquable. Rien n’est plus dur que d’expliquer simplement la complexité pour impliquer son lecteur en le considérant comme acteur et non comme consommateur. La post-face de Camille Etienne appuie ainsi le propos de l’album en nous rappelant que faute de respect démocratique des contestations, dans le capitalisme le consommateur a un pouvoir gigantesque, celui de ne pas consommer. Et après cette lecture vous retrouverez avec plaisir les petites en boite en consommation ponctuelle. C’est bien suffisant et vous serez heureux de lutter à votre échelle contre ces ogres qui tuent notre environnement. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/07/15/pillages/BDGest 2014 - Tous droits réservés